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M’PEP
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L’Islam politique est-il soluble dans la démocratie ?
mercredi, 13 février 2013 / Samir AMIN |
L’ISLAM POLITIQUE EST-IL SOLUBLE DANS LA DÉMOCRATIE ?
Texte de Samir Amin diffusé par le M’PEP avec l’autorisation de l’auteur. Économiste franco-égyptien, Samir Amin est directeur du Forum du Tiers-Monde.
Le 14 février 2013.
Résumé
Samir Amin veut mettre les points sur les « i » à propos des partis politiques qui se revendiquent de l’islam. Il ne veut pas discuter de la possibilité éventuelle d’un « islam politique moderne » et encore moins de religion. Ce qui intéresse Samir Amin est une analyse de classe : quelles sont les politiques économiques et sociales menées par ces partis se réclamant de la religion, comment font-ils vivre la démocratie là où ils ont le pouvoir, à qui sert leur politique ? Pour lui, ces partis sont prétendument islamistes et donnent chacun leur interprétation de la religion, ils sont en fait réactionnaires et anti-démocratiques. Pour eux, l’Islam (ou Dieu) règlera tous les problèmes, tandis que pour les néolibéraux « le marché règlera correctement tous les problèmes ». Où est la différence ? Pour Samir Amin, « ces régimes enferment les sociétés qui sont leurs victimes dans l’impuissance totale face aux défis du monde contemporain. Ils acceptent la soumission à toutes les exigences du libéralisme économique mondialisé. »
Texte complet
Ce bref commentaire, qui vient en complément d’écrits plus étoffés de l’auteur, ne se veut ni provocateur, ni polémique. Je veux seulement mettre les points sur les i. Je rappelle donc, dans une forme brève, ce que j’ai écrit et répété : je n’y discute pas « d’un Islam politique moderne possible qui serait démocratique », mais des partis qui existent sur le terrain et se revendiquent de l’Islam. Je ne discute pas davantage – et encore moins – de l’Islam comme religion.
Je me suis exprimé souvent, en arabe, en français et en anglais, et avec précision, sur ce que j’entends par « Islam politique réactionnaire », raccourci pour la périphrase que je rappelle de temps à autre : « mouvement prétendu islamique et de fait politique réactionnaire et anti-démocratique ».
Je précise que ce qui doit être l’objet du débat ce n’est pas la qualification « d’Islamique » que ces mouvements se donnent. Par exemple je n’ai pas condamné le président Moursi parce qu’il est, ou se déclare, Islamique ou Frère Musulman. Je le juge sur la politique économique et sociale qu’il met en œuvre. Celle-ci accepte sans la moindre hésitation le libéralisme économique, la liberté non entravée des marchés, y compris celui du travail, avec tous leurs effets sociaux catastrophiques. Peu importe qu’il « légitime » cette politique en la prétendant conforme aux principes fondamentaux de l’Islam tels qu’il les entend (« l’Islam respecte la propriété privée », etc). C’est là une interprétation possible de l’Islam. Il y en a d’autres également possibles, qui conduisent à des conclusions différentes. J’ai moi-même contribué à faire connaître par exemple Mahmoud Taha, théologien (en arabe fiqh) musulman de la libération, condamné par tous les mouvements qui se réclament de l’Islam et dont j’ai préfacé la traduction française du livre majeur. Mais la conformité de telle ou telle politique aux principes de l’Islam n’est pas mon problème. Je n’entre pas dans le jeu : ce parti qui s’auto-proclame Islamique, l’est-il ou non ? Je veux contraindre les défenseurs de tel ou tel parti « islamique » à entrer dans la discussion des politiques mises en œuvre, non de leur légitimation islamique ou autre. Car ces mêmes politiques sont mises en œuvre par des partis qui se réclament de la laïcité, voire des partis « anti-religieux ». Elles sont toutes également réactionnaires.
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