Communiqué de presse du Réseau Salariat
Tandis que le gouvernement Ayrault engage une énième réforme du financement des retraites, toujours dans le droit fil du calamiteux « livre blanc » de Michel Rocard en 1991, les travailleurs français s’inquiètent, qu’ils soient dans l’emploi ou sur le « marché de l’emploi ». Comme on les comprend !
D’un côté la potion des réformateurs pour « sauver les retraites » est toujours plus amère : la durée de cotisation permettant de bénéficier d’une retraite à taux plein était de 37 ans ½ jusqu’en 2003, elle est de 41 ans ½ aujourd’hui. Sera-t-elle de 44 ans demain ? Etant donné que 7% des salariés de plus de 50 ans sont déjà au chômage, l’allongement de la durée de cotisation se traduit automatiquement par une baisse du taux de remplacement et donc du niveau des pensions. C'est le cas en particulier pour les femmes qui connaissent une double peine du fait qu’elles n’ont souvent pas une carrière complète.
Face à ces propositions, les opposants à la réforme restent sur la défensive, tentant de freiner la reculade des droits sociaux en revendiquant une politique de relance de l’emploi, le maintien de l’âge légal de 60 ans et d’un taux de remplacement de 75% du salaire moyen des 10 meilleures années de carrière sans préciser s’il s’agit du salaire brut ou du net.
Dans les deux cas, les réformateurs et leurs opposants semblent s’accorder sur un point : les retraités seraient d’anciens salariés, souvent utiles mais ne produisant aucune richesse économique, à la charge des seuls actifs au titre de la solidarité intergénérationnelle.
Face à ce constat, le Réseau Salariat (*) invite les travailleurs et leurs représentants syndicaux à sortir de cette logique défensive et à faire honneur aux fondateurs de la sécurité social. Nous rappelons que la retraite a été conquise comme continuation du salaire à vie et non dans une logique de prévoyance ou d’épargne. Aussi nous proposons de renouer avec une revendication syndicale qui a eu cours jusqu’en 1995 : 100% du meilleur salaire net pour tous - salariés, indépendants ou non - dès 55 ans - avec au minimum le SMIC, financé à 100% par la cotisation sociale, et sans condition d’annuités ou de carrière.
Revendiquer 55 ans comme âge politique de la retraite, c’est affirmer la retraite comme un nouveau départ dans une forme de travail qui remet en cause radicalement la définition dominante de travail qui voudrait que seul le travail en emploi soit générateur de valeur économique.
La retraite n’est pas la fin du travail, c’est la fin de l’emploi ! Car l’emploi - ou le marché du travail - nous aliène, à travers les cadences qu’impose le capital, la division du travail qui réduit notre faculté créative, l’absence de maîtrise des tenants et aboutissants de notre œuvre.
Pour en savoir plus sur nos propositions vous pourrez lire notre dossier sur la retraite et en particulier notre texte-manifeste « Campagne retraites 2013 » (ci-joint).
Pour le Bureau du Réseau Salariat
Nicolas Chomel
Secrétaire