Par Geneviève Azam
«
Dès le moment où nous avons commencé à déclencher des processus naturels de notre cru (…), nous n’avons pas seulement accru notre pouvoir sur la nature (…), nous avons capté la nature dans le monde humain en tant que tel et effacé les frontières défensives entre les éléments naturels et l’artifice humain qui limitaient toutes les civilisations antérieures ». Hannah Arendt (1972, p.82)
Alors que se mettait en place au XIX
e siècle le régime des brevets et des protections des inventions, l’exclusion du vivant n’a jamais été explicitement formulée. Elle était comprise de manière tacite, comme une croyance incorporée ou un tabou qui ne saurait être transgressé. La gratuité du vivant et sa capacité infinie de reproduction empêchaient d’en concevoir l’appropriation. La question même de sa propriété ne se posait pas réellement : l’idée de chose commune, de res communis excluait celle d’appropriation et l’insistance sur la propriété commune s’est affirmée conjointement avec le mouvement d’appropriation. Conformément à la séparation entre le monde animé et le monde inanimé, généralement admise dans la culture occidentale, les brevets s’appliquaient au monde inanimé et ne pouvaient concerner le monde animé ... lire la suite