Source : The Guardian
Article original publié le 29 Juillet 2008
Isabelle Rousselot et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.
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Les gâteaux de boue en Haïti
AUTEUR: Rory CARROLL
Traduit par Isabelle Rousselot, révisé par Fausto Giudice
Haïti : Les gâteaux de boue sont devenus le régime de base de nombreuses familles pour qui la nourriture, dont les prix montent en flèche, est hors de portée. Avec la pauvreté et les prix des produits d’importation qui explosent, la moitié de la population meurt de faim.
Au premier coup d’œil, l’affaire ressemble à une poterie prospère. Dans une cour poussiéreuse, des femmes mélangent l’argile et l’eau et forment des centaines de petits plats, puis les laissent sécher au soleil des Caraïbes.
C’est de l’artisanat brut et les produits finis sont irréguliers. Mais les clients ne se plaignent pas. C’est Cité Soleil, le bidonville le plus connu d’Haïti, et ces plats ne servent pas à mettre les aliments, ils sont les aliments !
Cassants et sableux, et aussi révoltant que ça le paraisse, ce sont ce qu’on appelle « les gâteaux de boue ». Pendant des années, ils étaient consommés par les femmes enceintes, qui manquaient de calcium, comme un supplément plutôt risqué et pas du tout reconnu médicalement, mais désormais, ces gâteaux sont devenus un aliment de base pour des familles entières.
Photos David Levene/The Guardian
À Cité Soleil, un des bidonvilles les plus pauvres de Port-au-Prince, la fabrication de nourritures à base d’argile est devenu un des meilleurs moyens de gagner de l’argent. Les gâteaux de boue sont les seuls aliments, imperméables à l’inflation, que peuvent s’offrir les pauvres d’Haïti.