Les agents du service statistique public ont décidé de mener une action de blocage à l’INSEE et au service statistique du ministère de l’emploi (DARES) visant à retarder la publication des chiffres d’emploi. Les agents sont conscients de l’importance de ces chiffres dans le contexte économique actuel, mais ont voulu alerter l’opinion et les pouvoirs publics de la menace imminente qui pèse à la fois sur la qualité et l'indépendance du service public de la statistique.
Ce premier blocage de publication statistique a un sens tout particulier après la sortie du rapport Cotis-Duport. Ce rapport, remis récemment au Premier ministre par le Directeur général de l'Insee et le vice-président du Conseil national de l'information statistique, prévoit notamment la délocalisation d’une partie de la production des statistiques sociales. Le maintien de la qualité de ces statistiques est pourtant indispensable pour éclairer le débat public.
Plus généralement, ce blocage, aujourd'hui, par l’action collective des agents de la statistique publique, s’inscrit dans la lutte contre l’ensemble d’un projet gouvernemental de délocalisation d’une partie des services de la statistique publique pour compenser la fermeture des casernes de Metz.
Les agents s’opposent à cette délocalisation qui constitue une menace pour la qualité et l’efficacité du service statistique public, et in fine la qualité du débat démocratique. Les analyses du Comité de défense de la statistique publique qui alerte sur ce danger depuis plus de trois mois, trouvent d’ailleurs un écho dans le rapport Cotis-Duport. Les auteurs relèvent que « l’opportunité d’ouvrir une nouvelle implantation territoriale en Moselle ne va pas nécessairement de soi », et qu'il s'agit d'un projet « à hauts risques ». En outre, l'opération présenterait des coûts extrêmement élevés, dont le chiffrage n’a pas été rendu public par le gouvernement.
Ce projet de délocalisation fait suite à une série d’attaques contre la statistique publique : dès lors qu'elles n'étaient pas porteuses de nouvelles favorables, les statistiques publiées par l'Insee et les services statistiques ministériels ont fait l'objet de critiques opportunistes répétées du Gouvernement. Celui-ci exerce en outre des pressions de plus en plus fortes pour empêcher les services statistiques ministériels de rendre publics certains de leurs chiffres. Enfin, en totale contradiction avec le « code de bonnes pratiques européennes », des ruptures d'embargos (les fameuses « fuites »…) sont pratiquées de plus en plus fréquemment à la seule fin de servir la communication gouvernementale. Et si demain les grands indicateurs économiques (croissance, emploi, santé des entreprises,…) n'étaient rendus publics que lorsqu'ils valident les décisions gouvernementales ? Les personnels de la statistique publique sont déterminés à ne pas laisser démanteler le service public au prétexte d’une décision arbitraire et précipitée en matière d'aménagement du territoire. Ce projet de délocalisation n’a fait l’objet d’aucune évaluation : quels coûts ? quelle efficacité ?
LES STATISTICIENS PUBLICS SONT EN LUTTE POUR UNE STATISTIQUE INDEPENDANTE ET DE QUALITE !
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