Créé le 06.02.09 à 16h31 | Mis à jour le 06.02.09 à 17h28
http://www.20minutes.fr/article/297947/Media-Sarkozy-a-la-television-...
sélectionné par http://groups.google.fr/group/medias-mensonges-desinformation
Nicolas Sarkozy et les journalistes David Pujadas et Laurence Ferrari,
le 5 février 2009 à l'Elysée/Gérard Cerles AFP
MEDIA - Le SNJ-CGT ne décolère pas et des journalistes français et
étrangers ne comprennent pas comment une telle émission puisse même
exister...
Au lendemain de l’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, la presse
est amère. Le syndicat français SNJ-CGT a dénoncé vendredi dans un
communiqué cette interview, perçue comme une «insulte» envers la
profession.
>> A lire: la revue de presse des journaux français.
«Vieille France»
Pour le SNJ-CGT, les journalistes qui ont interviewé le chef de l’Etat
(David Pujadas de France 2, Laurence Ferrari de TF1, Guy Lagache de M6
et Alain Duhamel de RTL) ont «parfaitement joué leur rôle de fou du
roi» car le chef de l'Etat les a «adoubés». «Dans aucun autre pays dit
démocratique les politiques en responsabilité ne choisissent leurs
interlocuteurs», poursuit-le communiqué.
Ce que confirment certains correspondants de journaux européens,
interrogés par 20minutes.fr. «Vu d’Allemagne, ce scénario est
impensable. On ne verra jamais la Chancelière Angela Merkel inviter et
sélectionner des journalistes pour une interview retransmise en direct
sur plusieurs grandes chaînes de télévision, assure Michael Kläsgen,
correspondant économique du quotidien allemand «Süddeutsche Zeitung».
La liberté de la presse suppose qu’on invite soi-même une personnalité
politique si on pense que cela est nécessaire.»
«Cela fait très vieille France, limite Roumanie sous Ceausescu,
renchérit Magnus Falkehed, correspondant du quotidien suédois
«Aftonbladet». D’autant que Nicolas Sarkozy, qui était présent sur
trois chaînes, a envahi l’espace médiatique comme si on lui devait une
sorte d’allégeance.» D’où la colère du SNJ-CGT. «Interlocuteurs
déférents, questions convenues et jamais dérangeantes, absence de
contradiction quand le président assénait des contre-vérités. La
profession de journaliste ne sort pas grandie du "show télévisé" du
président de la République», écrit encore le syndicat.
Un point de vue partagé par José Maria Patiño, correspondant de la
radio espagnole «Cadena Ser». «J’ai trouvé cet exercice superficiel.
Quant aux journalistes, ils semblaient davantage préoccupés par leur
propre image que par les questions qu’ils devaient poser à Nicolas
Sarkozy, explique-t-il. C’est lui qui a mené l’interview, abordant de
lui-même les sujets.»
«Fiasco journalistique»
«En étant à l’Elysée, les journalistes ne sont pas sur leur terrain et
cela influence leurs questions», souligne Michael Kläsgen. Ce que
confirme le présentateur David Pujadas qui, à la sortie de
l'interview, évoque sa «frustration». Le SNJ-CGT dénonce une
«mascarade qui va encore accroître la méfiance du public envers les
journalistes». De son côté, le site Mediapart évoque un «fiasco
journalistique». «Nicolas Sarkozy offrit le piteux spectacle d’un roi
fainéant se repaissant laborieusement de questions approximatives mais
dorées sur tranche», déclare le site. Puis, plus loin: «Sa mécanique
d’autodéfense (fulminer, rebondir et surtout questionner en retour ses
questionneurs pour mieux bâillonner leur agressivité) tournait à vide,
puisque d’attaque il n’y avait point.» Et le site de se désoler que
cette prestation apparaisse «comme un degré supplémentaire dans la
déconfiture démocratique française.»
«Les journalistes ne sont pas revenus à la charge sur certains sujets
importants, regrette également Magnus Falkehed qui aurait souhaité une
chose: pouvoir demander à Nicolas Sarkozy "quand compte-t-il répondre
à une vraie interview, dans un cadre et sur un thème choisi par les
journalistes?"»
Commentaires