LIBRES PROPOS DE RAYMOND SENE (GSIEN)
On est plus forts que les Japonais, on n’a pas besoin d’un tsunami pour boucher nos prises d’eau. Des feuilles, des branchages à Fessenheim 2009, des méduses à Gravelines 2006 ou 2007, des algues et des civelles au Blayais (le site est devenu un producteur de soupe de civelles), de la glace à Saint Laurent (années 90). Pour Saint Laurent ils avaient fait venir l’armée pour évacuer la glace à l’explosif.
N’empêche qu’à Fessenheim, un séisme du niveau du séisme de référence, celui de Bâle*, ferait écrouler les barrages sur le Rhin en amont de la centrale, et la vague en arrivant démolirait la digue qui retient le canal. Le niveau de la plateforme de la centrale est 15 mètres plus bas …..
Quant à la piscine pour les combustibles, elle n’est pas située au dessus du réacteur comme sur les BWR (Boiling Water Reactor) des Japonais , mais à + 30 m, en haut du bâtiment combustible, un truc non “bunkerisé”, qu’on avait signalé comme étant à vue directe de la rive Est du Rhin, à l’époque, à portée d’une rocket du moindre terroriste. Le toit de la piscine est un bardage “léger” protégé par des calculs de probabilité (comme pour tous nos réacteurs actuels) qui estiment qu’un avion la raterait !!!! Maintenant, à Fessenheim, ils ont fait une “GROSS” amélioration, ils ont mis une cabane à outils sur la trajectoire …. Cachez-moi cette piscine que je ne saurai voir ….
Après ces rodomontades, revenons au Japon. Ce matin sur les infos en boucle, on a vu un responsable japonais montrant un schéma du réacteur avec sur le coté gauche de l’enceinte en béton un tuyau (en vert) passant à travers le béton et portant, à l’extérieur, une croix pour montrer qu’il était cassé. Ils n’ont fait aucun commentaire sur ce “détail”, comme aurait pu dire Le Pen.
(Infos en boucle sur canal 18). C’est ce qu’on se tue à dire depuis le début. Il est inconcevable qu’ils aient dégonflé la cuve en larguant le mélange vapeur, hydrogène et produits radioactifs, dans le haut du bâtiment et non par la cheminée destinée aux effluents radioactifs. C’était l’explosion inévitable. Selon ma formulation grand public : si vous avez une fuite de gaz dans votre cuisine, vous n’ouvrez pas la porte de la salle de séjour, mais la fenêtre !!!!Il y avait deux hypothèses logiques :
1 – Rupture de canalisation de sortie vapeur ou de retour d’eau, à l’extérieur du confinement béton, d’où émission dans le corps du bâtiment et remplissage de l’espace combustible, au dessus du réacteur,
2 – Les canalisations (grosses sections) allant aux cheminées sont hors service après le séisme et les rejets pour décompression ont été faits où ils pouvaient … mais avec un choix désastreux … Avec en conséquence des explosions hydrogène ruinant le toit, mettant à l’air libre les piscines d’entreposage des combustibles irradiés…Tout ceci, indépendamment du fait que les piscines, faute de refroidissement se sont mises à bouillir, jusqu’au dénoyage partiel des assemblages, production d’hydrogène et incendie et/ou explosion.
Raymond SENE
*Mme Leuthard, Conseillère fédérale (ministre) en charge du Département fédéral de l’environnement, de l’énergie, des transports et de la communication (DETEC) a déclaré au journal Basler Zeitung qu’elle évoquera les inquiétudes suisses au sujet de la centrale nucléaire de Fessenheim, lors de sa rencontre à Paris le 1er avril 2011 avec Mme Kosciusko-Morizet.
L’accident nucléaire survenu au Japon accroît les inquiétudes de l’opinion publique suisse sur la sûreté de la centrale nucléaire française de Fessenheim, située à 40 kilomètres de Bâle, dont la presse helvétique (en particulier la “Basler Zeitung”) rappelle qu’il s’agit de la plus ancienne centrale nucléaire française en cours d’exploitation, construite en 1970 et mise en service en 1978.
La “Basler Zeitung” évoque le rapport rendu à l’été 2010 par la physicienne française du CNRS Monique Séné, co-fondatrice du Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN), qui faisait état de nombreux dysfonctionnements (240 au total) survenus au cours des 10 dernières années dans le réacteur numéro
Ces préoccupations ont été relayées par plusieurs parlementaires qui exigent du Conseil fédéral (gouvernement) qu’il se mobilise pour une fermeture rapide de Fessenheim.
Les arguments avancés par les opposants politiques à la poursuite de l’exploitation de Fessenheim reposent sur l’âge de la centrale et les questions de sûreté au regard des risques de secousses sismiques dans la région d’implantation de la vallée du Haut-Rhin. Les évènements au Japon alimentent leurs interrogations. Pour la Conseillère nationale (députée) verte Maya Graf, le Conseil fédéral doit décider avec le gouvernement français de l’arrêt de l’exploitation de Fessenheim ‘‘aussi vite que possible’’.
Le quotidien bâlois évoque également la décision du tribunal administratif de Strasbourg, qui avait débouté la semaine dernière les associations anti-nucléaire de leur exigence d’arrêt de l’exploitation de la centrale. Il ajoute que les assurances concernant sa sûreté sismique ont été par ailleurs réitérées par les industriels français, dans le contexte des évènements au Japon.
La Commission franco-suisse de sûreté nucléaire et de radioprotection (CFS), créée en 1989 et composée de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN), doit se réunir en juin pour sa conférence annuelle : le niveau de sûreté de la centrale de Fessenheim figurera certainement à l’agenda.
La CFS constitue un outil de coopération bilatérale particulièrement pertinent dans le contexte actuel qui confère aux questions de sûreté nucléaire une importance privilégiée. Dans le cadre de la CFS, des experts français et suisses procèdent régulièrement dans les deux pays à des inspections croisées dans les domaines de la sûreté des installations nucléaires et de la radioprotection.
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