http://www.criirad.org/actualites/dossier2011/japon/communique1503_japon.html
Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi : les intervenants mettent leur santé en péril.
A ce jour, pas d'inquiétudes pour la France métropolitaine ou la Polynésie française. Si la situation se dégradait, nous vous en informerions aussitôt.
Nous sommes en revanche toujours aussi inquiets sur la situation au Japon. Alors qu'ils payent déjà un si lourd tribu au séisme et au tsunami qu'il a provoqué, les habitants des zones sinistrées vivent depuis plusieurs jours sous la menace d'une catastrophe nucléaire. De plus on ne sait presque rien des niveaux de radioactivité auxquels ils sont exposés..
Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi : les intervenants mettent leur santé en péril.
- Samedi 12 mars, suite à l’explosion du réacteur n°1, les débits de dose à proximité immédiate de la centrale avait atteint 1,5 mSv/h soit plus de 10 000 fois le niveau normal. Cette valeur était déjà très préoccupante : en 40 minutes de présence une personne reçoit du seul fait de l’irradiation externe une dose égale à la limite maximum admissible sur un an, soit 1 mSv/an.
- Rappelons que les limites de dose (doses dites efficaces ou au corps entier) sont de 1 mSv/an pour les personnes du public et de 20 mSv/an pour les travailleurs les plus exposés. Elles ne correspondent pas à des niveaux de non risque mais de risques maximum admissibles. Par exemple pour 100 000 personnes exposées à 1 mSv, on s’attend à 5 décès par cancers radio-induits. (en savoir plus)
- Après l’explosion du bâtiment qui abrite le réacteur n°2, explosion qui aurait enrainé une perte de confinement , les autorités japonaises ont publié des niveaux d’exposition externe excessivement élevés :
o Réacteur n°3 : 400 mSv/h (milliSieverts par heure)
o Réacteur n°4 : 100 mSv/h
o Réacteur n°2 et 3 : 30 mSv/h
- Avec des valeurs aussi élevées (1 million de fois et plus le bruit de fond naturel) on n’est plus dans le domaine des faibles ou très faibles doses de rayonnements, avec des pathologies ne se manifestant qu’après un temps de latence (plusieurs années à plusieurs décennies pour les cancers par exemple) mais dans le domaine des fortes doses d’irradiation. Les fortes doses de rayonnements provoquent une destruction massive des cellules, destruction qui peut altérer le fonctionnement de certains organes. Dans ce cas, les effets se produisent rapidement (selon le niveau de dose en quelques heures, jours, semaines ou mois) et chez toutes les personnes exposées au seuil correspondant (avec des sensibilités individuelles). Les effets varient selon les organes et sont d’autant plus graves que les doses sont élevées. En quelques heures d’exposition, les doses au corps entier peuvent en effet atteindre plusieurs Sieverts : atteintes graves aux cellules les plus radiosensibles : cellules de la moelle osseuse, de la muqueuse intestinale, cellules basales de la peau…
Par exemple, le syndrome médullaire est provoqué par la destruction des cellules souches qui assurent le remplacement des globules et des plaquettes du sang. Plus la dose est importante, plus le nombre de cellules détruites est important, plus les effets sont graves. L’irradiation provoque ainsi la baisse du nombre de lymphocytes, de neutrophiles et des plaquettes, provoquant des risques de décès par infection et hémorragie (d’où les traitements par greffe de moelle osseuse). Le syndrome gastro-intestinal est consécutif à la destruction des cellules souches situées dans les cryptes intestinales et qui assurent le renouvellement de la muqueuse intestinale ce qui provoque une perte de la fonction digestive. Evidemment les risques d’effets différés, et notamment de cancer, ne disparaissent pas aux fortes doses, mais se rajoutent aux effets déterministes. Le syndrome nerveux est caractérisé par la désorientation, la prostration, les convulsions.
On ne sait rien de la façon dont le travail est organisé sur le site (rotation des équipes pour limiter le temps de présence et donc les niveaux d’exposition ?). Quoi qu’il en soit les employés et les équipes de secours mettent assurément leur santé en jeu pour éviter le basculement vers une situation catastrophique.
- L’Agence Internationale de (promotion) l’Energie Atomique (AIEA) a aussitôt émis un communiqué pour préciser que la valeur de 400 mSv/h était certes une valeur élevée mais qu’il s’agissait d’une « local value at a single location and at a certain point in time ». L’information n’est pas documentée (pas d’heure, ni de durée) et il importe de préciser que des valeurs de 100 mSv/h et 30 mSv/h sont elles aussi des valeurs élevées, voire même excessivement élevées. Par ailleurs, rien ne permet de conclure que la valeur de 400 mSv/an était la plus élevée du site (3 résultats seulement ont été publiés et il faut les mettre en rapport avec la superficie du site).