Monsieur le Président,
Vous avez eu, selon le communiqué publié par l’Elysée, un entretien téléphonique avec Benyamin Netanyahou le 9 juillet, afin de lui exprimer « la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza ».
J’ai trop de respect pour votre personne, ainsi que pour votre statut de Président, pour croire que vous êtes sincèrement convaincu de la véracité de la version israélienne des faits, et suis sûr que vous savez pertinemment que le problème est bien plus profond, plus complexe que cela, et que nous sommes avant tout devant un peuple qui résiste à l’intérieur de l’enclave où il se retrouve confiné. Le peuple palestinien n’a jamais appelé à ce que l’on vienne le déposséder de sa terre, à travers une force d’occupation surarmée et redoutable, qui fait fi de la légalité internationale et des nombreuses résolutions de l’ONU qui, depuis des décennies, ont tenté de lui faire barrage juridiquement, mais en vain.
Vous avez, Monsieur le Président, été le maître de cérémonie du 70ème anniversaire du Débarquement, il y a à peine un mois de cela, commémorant la libération de la France sur les plages de Normandie entrées dans la Grande Histoire, et vous avez à cette occasion rendu hommage à ces hommes et ces femmes qui ont combattu et résisté à l’Occupant nazi au péril de leur vie, animés d’un courage qui force le respect. Vous avez, lors de votre discours émouvant, salué ces jeunes qui ont « avancé au risque de leur vie », et « les démocraties qui s’étaient liguées pour embrasser une cause juste ».
Beaucoup de Français avaient alors répondu à l’appel du Général De Gaulle. Ceux-ci étaient qualifiés de « résistants » car ils étaient du côté de la liberté, tandis que les autres étaient traités de « terroristes » pour s’être rangés du côté de l’infamie.
La même situation se répète aujourd’hui en Palestine, et ce qui se passe à Gaza n’en est qu’une tragique illustration.
Le soutien que vous avez témoigné au chef du gouvernement israélien aurait pu être compréhensible, quoique difficilement, si, parallèlement, vous aviez condamné les bombardements des civils, des hôpitaux, des maisons et des ambulances, mais vous avez pris le parti de conforter Israël dans ses assauts féroces et criminels contre une population civile qui n’aspire qu’à vivre librement sur sa terre.
Pensez-vous réellement que le fait de terroriser les Gazouis, de cibler les civils et de détruire les habitations puisse être traduit par les « moyens de se protéger » que vous avez évoqués pour légitimer la nouvelle agression meurtrière d’Israël ?
Les amis du peuple palestinien, nombreux et de tous les pays, désespèrent de voir appliquer par Israël les résolutions des Nations Unies, alors qu’année après année l’Etat hébreu poursuit sa politique avec mépris et, malheureusement, avec le soutien des plus grandes puissances.
Nous avons connu des positions plus équilibrées de la France sur ce qui se passe en Palestine, et qui, contrairement à l’attachement inconditionnel que vous avez manifesté à Netanyahou, ne prenaient pas fait et cause pour les thèses israéliennes.
Aussi, Monsieur le Président, permettez-moi de vous faire part de mon amertume, au nom de ces bébés déchiquetés, de ces mamans devenues veuves, de ces familles décimées, à quelques kilomètres de chez nous, à Gaza.
Je ne peux me taire, et je ne pense pas être le seul dans ce cas, au moment où le Président de mon pays accorde un insupportable blanc-seing à une armée d’occupation arrogante et cruelle.
Hassan Safoui
secrétaire général du Comité du 15 mars
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