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C'est une double claque, l'une plus retentissante que l'autre, que s'attrape Benjamin Netanyahou a fin de l'anee 2016: la premiere est l'abstention des Etats-Unis dans un vote du Conseil de Securite qui denonce la colonisation juive en Cisjordanie; il s'agit d'une premiere, car depuis 1983 les Etats-Unis ont toujours utilise de leur droit de veto pour faire echouer une initiative qui denonce la politique israelienne. La seconde claque est la declaration politique du Secretaire d'Etat John Kerry qui critique dans des termes extremement fermes la politique israelienne d'occupation coloniale et met en garde sur ses implications a long terme pour l'avenir d'Israel.
Il aura fallu 8 ans pour que l'administration Obama dise publiquement ce qu'elle pense de Netanyahou et de sa politique. Un peu tard, dira-t-on, trop tard meme pour faire payer au Premier Ministre israelien les innombrables humiliations dont le President Etats-unien a été l'objet.
Les dirigeants israeliens se consolent, en disant que "Obama c'est du passe", et que dans une quinzaine de jours c'est l'ami Trump qui va prendre les reines de l'administration. Que ce dernier et Netanyahou aient beaucoup de choses en commun, c'est peu de le dire: ideologie d'extreme-droite, racisme, islamophobie, arrogance, vulgarite. Mais de la a tout miser sur le Président élu, serait une grave erreur: Donald Trump est non seulement totalement imprédictible, n'a pas de politique étrangère cohérente, et a déjà dit chaque chose et son contraire, mais surtout, il est plus indépendant des différents lobbies pro-israéliens que tous ses prédécesseurs, Républicains ou Démocrates, au cours des 4 dernières décennies.
Si j'etais Netanyahou, je serais beaucoup plus prudent sur l'avenir des relations avec la nouvelle administration americaine, meme si Trump a choisi un Juif d'extreme droite et lie aux colons israelien comme ambassadeur a Tel Aviv, et meme s'il a promis – comme nombre de ses predecesseurs, d'ailleurs – de transferer l'ambassade US a Jerusalem. On peut facilement imaginer, a moyen terme, une alliance entre le nouveau President et les Russes dont Israel pourrait faire les frais. Sans parler de l'environement antisemite de Trump, qu'on a pu voir pavoiser au cours de ses meetings electoraux…
Le vote au Conseil de Sécurité a faire perdre les pédales au Premier Ministre israélien: il a convoque plusieurs ambassadeurs pour les réprimander comme des écoliers, déclaré que la Nouvelle Zélande, dont le représentant présidait la séance du Conseil de Sécurité, avait déclaré la guerre [sic] a Israël et annonce qu'il interrompait la coopération avec... le Sénégal. Courageux, comme toujours, avec les faibles, il s'est pourtant bien garde de prendre des mesures contre des Etats plus puissants, comme la Grande Bretagne qui pourtant a été tres active dans la redaction de la resolution.
On dira que la resolution du Conseil de Securite sur l'illegalite de la colonisation, n'a pas d'implication pratique et qu'elle va meme provoquer le gouvernement d'extreme-droite a immediatement elargir la construction dans les colonies. Sans doute. Mais il serait erroné d'en rester la: la resolution du Conseil de Securite marque un consensus international contre l'occupation coloniale de la Cisjordanie, pres d'un demi siecle apres la conquete de 1967. C'est un signe qui ne devrait pas echapper a ceux qui parlent d'"irreversibilite de l'occupation". Tant que les Palestiniens ne baisseront pas les bras, Israel sera de plus en plus isolee dans ses choix coloniaux, a contre courant de l'ensemble de la communaute internationale. La campagne pour des sanctions – BDS – n'en prend que plus d'actualite et de pertinence.
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