21 août 2012 / Patrick Vassort
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Grâce à la « magie » du sport, les grandes entreprises peuvent réaliser de fructueuses opérations
On peut lire sur le site Internet du Comité international olympique : « Les Jeux Olympiques sont l’une des plateformes les plus efficaces de marketing international, atteignant des milliards de personnes dans plus de 200 pays. » Pourquoi les entreprises investissent-elles autant dans le sport et particulièrement dans les Jeux olympiques ?
L’institution sportive facilite l’appropriation des biens et des espaces par le capital. Ce qui semblait difficile à obtenir, car l’appropriation n’est pas toujours légitime, devient par le miracle du sport plus facile. Voici quelques exemples.
L’expropriation des populations pauvres de certaines zones géographiques se reproduit à chaque grand événement sportif. C’est vrai à Londres, mais aussi au Brésil lorsque, sur l’injonction de la Fédération Internationale de Football et du Comité international olympique, le gouvernement décide d’expulser 1,5 million de familles, soit 10 millions de personnes. Cela serait pour d’autres un crime, mais pas pour les organisations sportives. On éloigne ainsi des nouveaux quartiers sportifs les populations les plus démunies et on rend ces espaces exploitables pour le capital.
Le transfert de finances publiques vers des sociétés privées est exemplaire dans le cas des J.O. londoniens. Au départ, le gouvernement britannique avait prévu un budget de 2,8 milliards d’euros. Il sera sans doute au final de 28,6 milliards ! Ces sommes vont, entre autres, abreuver les entreprises du BTP qui restructurent des quartiers entiers et ses font des marges bénéficiaires extravagantes.
A Londres, Ikea s’est offert un quartier entier en achetant un terrain au quart de sa valeur pour y installer une bourgeoisie qui n’osait pas venir s’y installer. Ce quartier devrait comprendre : 1 200 maisons, 50 000 m2 de bureaux, un hôtel Marriott de 350 chambres, ainsi que des commerces, une crèche, un centre médical… Et des parkings souterrains, des ordures évacuées par des conduits en sous-sol et une centrale hydroélectrique pour en produire l’énergie.
L’appropriation de l’espace par les sponsors, les partenaires olympiques et les grandes entreprises est aussi un grand classique. Autour et à l’intérieur de chaque stade dédié aux grandes manifestations sportives s’installent de multiples lobbys qui poussent à la consommation névrotique et ininterrompue. A deux pas du site olympique de Londres a été construit le plus grand centre commercial d’Europe.
Les nouveaux quartiers bétonnés des stades deviennent des lieux de spectacle faisant oublier la responsabilité du capitalisme dans le marasme des crises. A l’occasion des J.O., la construction d’une tour de 21 millions d’euros a été confiée au groupe Arcelor Mittal qui prend en charge le financement de 18 millions d’euros. Cela n’empêche pas cette entreprise d’organiser le chômage partiel d’un millier d’ouvriers sur son site de production de Florange, en France.
Le capitalisme qui se nourrit des crises économiques, se restructure et se renforce grâce à celles-ci. Le cas de la Grèce, dont les Jeux ont coûté 9 milliards d’euros, est exemplaire. Les populations payent le prix de ces jeux, de la restructuration économique et du sauvetage des banques. Désormais les institutions sportives prospèrent, s’enrichissent, participent à des formes de domination par l’argent tout en accélérant l’appauvrissement des populations et imposent même aux Etats leur vision du monde. Une vision où la compétition est devenue la raison même de toute organisation.
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