22 juin 2010 à 18:38 dans Actualité, Les films, Mobilisations/ débats | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
L'Université Populaire des Temps Modernes et l'AIAPEC
proposent
Trois soirées de formation sur le travail
>
Salle Gambetta , 20h, entrée gratuite
>
Mardi 15 juin , 20h , Salle Gambetta
>
Les dégradations de la santé au travail
dans le système productiviste actuel
par Elisabeth DELPUECH
Médecin du travail, du collectif des médecins du travail de Bourg en Bresse.
>
Mardi 22 juin, 20h, Salle Gambetta
>
Médecine du travail , dérives et résistances.
par Elisabeth DELPUECH
Médecin du travail, du collectif des médecins du travail de Bourg en Bresse.
>
« Les
constats aggravés en santé au travail, en lien avec l'emballement du
productivisme, posent de façon cruciale et historique la question de
l'efficacité du système de prévention au travail en France.
> L'un
des piliers de ce système, la médecine du travail, est en échec, il y
a plus que jamais nécessité de se poser la question du pourquoi.
>
Nous aborderons les questions essentielles sur cette médecine sous
influence :un peu d'historique, organisation, moyens, empêchements...
Qu'en attendre?
> Des collectifs de médecins du travail ont
construit des règles de métier, au service exclusif de la santé des
salariés, fondées sur les deux socles légaux : le Code de déontologie et
le Code du travail ; mais l'institution porte en elle-même le ver dans
le fruit, sa gestion patronale.
> La transformation nécessite une
réforme : le collectif de Bourg fait des propositions sous forme de
fondamentaux pour une vraie prévention, tirés de l'observation de
terrain de nombreuses années d'entretiens cliniques avec les salariés.
>
Les propositions du ministère du travail, en cours de négociations,
renforcent le pouvoir des employeurs dans le choix des actions de
prévention; les résistances en cours. »
par René de Vos , sociologue, correspondant des amis du Monde Diplomatique pour l'Ain et le Val de Saône
« Les rapports de force entre le salariat et le patronat sont étouffés par les manipulations de l’organisation du travail qu’imposent les théoriciens du patronat. Le taylorisme était censé permettre aux salariés non qualifiés de participer pleinement à la technicité de la production de masse. Le patronat conquérant de l’industrie automobile en a fait le fordisme qui a privé le salariat de toute autonomie et l’a rivé à la contrainte horaire du temps de travail. Aux résistances et aux révoltes salariales qui s’en sont suivies dans la décennie 60, les théoriciens du patronat ont répliqué par une nouvelle forme de l’organisation censée apporter de l’humain dans un travail devenu purement mécanique. Les industriels du nord de l’Europe et du Japon en ont fait le « toyotisme », qui sous le prétexte de la responsabilisation et de l’autonomie données aux travailleurs a abouti à la mise en coupe réglée des salariés sous la pression de la clientèle et de la contractualisation généralisée fondée sur des objectifs purement mercantiles et financiers. La condition salariale n’a jamais cessé d’être une condition de subordination. »
15 juin 2010 à 11:50 dans Actualité, Les activités de l'association AIAPEC, Mobilisations/ débats | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
http://www.fsl56.org/les_actualites/la_conference_de_la_mutualite?DokuWiki=005a3b4442679165822e0b2b25a718e0
( Texte traduit par Thomas Legoupil, Sam Levasseur et Anne Paquette )
Parmi les thèmes apparaissant dans le titre, ce qui est le plus important dans mon esprit, et je présume dans le vôtre également, ce sont les défis pour aujourd’hui ; ils sont en effet bien réels et à certains égards effrayants. Certains défis concernent même la survie des espèces si l’on parle des armes nucléaires et des menaces pesant sur l’environnement, ces sujets traités lors des récentes conférences de Copenhague sur le climat et de New York sur le Traité de Non-Prolifération (TNP), avec dans les deux cas des résultats qui ne sont guère favorables. Parmi les autres défis importants, on trouve l’avenir de l’Union européenne (actuellement très incertain) et le rôle des économies émergentes et leurs différentes configurations dans un monde qui se diversifie, avec l’Organisation de coopération de Shanghai, les BRIC [Brésil, Russie, Inde, Chine], l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et d’autres. A une autre échelle, la financiarisation de l’économie des Etats-Unis et des autres économies de premier ordre (étroitement liée à la montée d’un système de production asiatique) a eu un impact majeur sur nos sociétés et le système mondial. Pour prendre un exemple, Martin Wolf, le très respecté commentateur du Financial Times, approuve la conclusion selon laquelle l’origine de la crise des dettes publiques mettant en danger la survie de la zone euro « est la débauche passée de larges segments du secteur privé, en particulier du secteur financier ». Les marchés financiers, écrit-il, « ont financé l’orgie et maintenant, dans la panique, refusent de financer l’assainissement qui en découle. A chaque étape, ils ont agi de façon procyclique », transformant la crise en une catastrophe potentielle. L’économiste John Talbott ajoute : « Si quelqu’un doit être blâmé pour ces crises, ce sont les banques qui ont trop prêté et ce sont donc elles qui devraient payer le prix fort de la restructuration. » Néanmoins, en s’écartant des pratiques antérieures, le plan de sauvetage adopté par l’Europe reprend un système inventé au cours de la crise actuelle par la Réserve fédérale américaine [FED] et le ministère des finances, garantissant aux banques de s’en sortir indemnes. Aux Etats-Unis, les effets à long terme pour le pays incluent une stagnation pour une majorité de la population et une croissance radicale des inégalités, avec des conséquences potentiellement explosives. Le pouvoir politique des institutions financières bloque toute réglementation sérieuse, si bien que les crises financières régulières que nous avons connues ces trente dernières années deviendront donc probablement encore plus sévères.
Il n’est pas difficile de poursuivre : on ne manque pas de défis à relever. Mais on ne peut les comprendre et s’y attaquer de manière sérieuse qu’en les inscrivant dans une perspective plus large.
Lire la suite "Noam Chomsky. La conférence de la Mutualité, Paris, 29 mai 2010." »
15 juin 2010 à 11:47 dans Actualité, Economie: sur la crise... et la dette | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
L’assaut donné le 31 mai à l’aube par l’armée israélienne contre la flottille de bateaux transportant une aide humanitaire à Gaza aurait fait une vingtaine de morts. Cette attaque s’est déroulée dans les eaux internationales. Elle a suscité de nombreuses condamnations, y compris de pays européens et du gouvernement français. Bernard Kouchner a déclaré que « rien ne saurait justifier l’emploi d’une telle violence, que nous condamnons ». Plusieurs pays, dont la Suède, l’Espagne, la Turquie et la France ont convoqué l’ambassadeur israélien. La Grèce a suspendu des manœuvres aériennes avec Israël et annulé une visite du chef de l’armée de l’air israélienne.
Bien sûr, ces condamnations sont les bienvenues. Même s’il reste quelques personnes qui osent trouver des justifications à l’action israélienne. Ainsi, le porte-parole de l’UMP, l’ineffable Frédéric Lefebvre, a fait savoir, selon l’AFP, que son parti « regrette » les morts, mais dénonce les « provocations » de « ceux qui se disent les amis des Palestiniens ».
La veille de cette action militaire, faisant preuve d’une prescience qui fait partie de ses innombrables qualités, Bernard-Henri Lévy déclarait à Tel-Aviv : « Je n’ai jamais vu une armée aussi démocratique, qui se pose tellement de questions morales. » (Haaretz.com, 31 mai). Il est vrai que, lors de la guerre de Gaza, notre philosophe s’était pavané sur un char israélien pour entrer dans le territoire. Réagissant à l’attaque aujourd’hui, Lévy l’a qualifiée, selon l’AFP, de « stupide » car risquant de ternir l’image d’Israël. Pas un mot de condamnation, pas un mot de regret pour les tués...
La seule question qui se pose maintenant est de savoir quel prix le gouvernement israélien devra payer pour ce crime. Car, depuis des années, les Nations unies ont adopté des dizaines de résolutions (« Résolutions de l’ONU non respectées par Israël », Le Monde diplomatique, février 2009), l’Union européenne a voté d’innombrables textes qui demandent à Israël de se conformer au droit international, ou tout simplement au droit humanitaire, en levant, par exemple, le blocus de Gaza. Ces textes ne sont jamais suivis du moindre effet. Au contraire, l’Union européenne et les Etats-Unis récompensent Israël.
C’est ce qu’a prouvé l’admission d’Israël dans l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), la semaine dernière, et la visite en France du premier ministre israélien Nétanyahou pour assister à l’intronisation de son pays. Comme le précisait un communiqué de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) du 30 avril, « Israël à l’OCDE ? Un mauvais coup contre la paix ! », cette adhésion valait acceptation de l’inclusion de la Cisjordanie et du Golan dans le « périmètre » israélien. Le fait qu’Israël se permette quelques jours plus tard d’attaquer la flottille de la paix confirme que cet Etat voit dans ces bonnes manières un feu vert pour toutes ses actions.
Cela avait déjà été le cas en décembre 2008. C’était alors l’Union européenne qui avait décidé le « rehaussement » des relations bilatérales avec Israël, donnant à cet Etat des privilèges dont ne disposaient jusque-là que quelques grandes puissances. Les chars israéliens pouvaient quelques jours plus tard partir à l’assaut du territoire de Gaza et commettre, en toute impunité, des « crimes de guerre », voire des « crimes contre l’humanité ».
Richard Falk, envoyé spécial des Nations unies pour les territoires occupés, écrivait, dans Le Monde diplomatique (mars 2009) un texte intitulé : « Nécessaire inculpation des responsables de l’agression contre Gaza ». Quelques mois plus tard, la commission des Nations unies présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone remettait ses conclusions. Elles étaient accablantes pour Israël, même si elles n’épargnaient pas le Hamas. Le texte confirmait que c’était bien l’armée israélienne qui avait rompu le cessez-le-feu et mettait en lumière les crimes commis. Ce texte confirmait de nombreux rapports déjà publiés par Amnesty International et Human Rights Watch.
Ces textes n’ont débouché sur aucune sanction contre le gouvernement israélien. Un des arguments avancés pour justifier cette passivité est que les faits incriminés seraient l’objet d’enquêtes sérieuses en Israël, ce que dément de manière argumentée la juriste Sharon Weill, dans Le Monde diplomatique (septembre 2009) : « De Gaza à Madrid, l’assassinat ciblé de Salah Shehadeh ».
On assiste d’ailleurs en Israël à une offensive sans précédent contre les organisations de défense des droits humains, qu’elles soient internationales ou israéliennes, considérées désormais comme une menace stratégique pour l’Etat, juste après la menace de l’Iran, du Hamas et du Hezbollah. Une véritable entreprise de délégitimation se déploie contre ces organisations à travers des groupes soutenus par le gouvernement et l’extrême droite comme NGO Monitor, menée parallèlement à une guerre de propagande pour justifier l’injustifiable (lire Dominique Vidal, « Plus le mensonge est gros... », Le Monde diplomatique, février 2009). Est-il vraiment étonnant que des soldats israéliens considèrent les militants venus apporter du ravitaillement à Gaza comme des « terroristes » et les traitent comme tels ?
L’impunité durera-t-elle ou certains gouvernements oseront-ils prendre des mesures concrètes pour sanctionner Israël, pour faire comprendre à son gouvernement (et aussi à son peuple) que cette politique a un prix, que la répression a un prix, que l’occupation a un prix ?
Dans le cadre de l’Union européenne, Paris pourrait suggérer à ses partenaires de suspendre l’accord d’association en vertu de l’article 2, qui affirme explicitement qu’Israël doit protéger les droits humains (lire Isabelle Avran, « Atermoiements de l’Union européenne face à Israël », La valise diplomatique, 25 juin 2009).
La France pourrait déjà, seule, sans attendre l’accord de ses partenaires européens, prendre trois mesures :
d’abord, et ce serait seulement se conformer au droit et aux décisions de l’Union européenne, lancer une campagne pour tracer l’origine des produits israéliens exportés en France et interdire (pas seulement taxer) les produits des colonies ;
ensuite, affirmer que l’installation de colons dans les territoires occupés n’est pas acceptable et que ceux-ci devraient donc être soumis à une demande de visa s’ils désirent se rendre en France – une mesure facile à mettre en œuvre à partir des adresses des individus désirant visiter notre pays ;
enfin, proclamer que des citoyens français qui effectuent leur service militaire en Israël ne sont pas autorisés à servir dans les territoires occupés. Leur participation aux actions d’une armée d’occupation pourrait entraîner des poursuites judiciaires.
Bernard Kouchner a annoncé qu’il n’y avait pas de citoyens français parmi les personnes tuées sur les bateaux. Mais sait-il s’il y a des citoyens français parmi ceux qui sont responsables de ce crime ?
01 juin 2010 à 00:16 dans Actualité, Ailleurs, Proche Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
L’une des plus grandes opérations d’aide de l’histoire risque fort de ressembler à celle de l’après tsunami de 2004 sauf si un modèle de reconstruction radicalement différent est adopté. Haïti a été partiellement détruit suite à un violent séisme de magnitude 7. Chacun y va de sa larme et les médias, en nous abreuvant d’images apocalyptiques, relayent les annonces d’aides financières que les généreux Etats vont apporter. On entend qu’il faut reconstruire Haïti, ce pays où la pauvreté et « la malédiction » s’abattent. Aujourd’hui donc, on s’intéresse à Haïti. Les commentaires ne vont pas au-delà du terrible tremblement de terre. On nous rappelle précipitamment que c’est l’un des pays les plus pauvres de la planète mais sans nous en expliquer les causes. On nous laisse croire que la pauvreté est venue comme ça, que c’est un fait irrémédiable : « c’est la malédiction qui frappe ». Il est indiscutable que cette nouvelle catastrophe naturelle entraîne des dégâts matériels et humains tout autant considérables qu’imprévus. Une aide d’urgence est donc nécessaire et tout le monde est d’accord sur ce point. Pourtant, la pauvreté et la misère ne trouvent pas leurs sources dans ce tremblement de terre. Il faut reconstruire le pays parce que celui-ci a été dépossédé des moyens de se construire. Haïti n’est pas un pays libre ni même souverain. Au cours des dernières années, ses choix de politique intérieure ont été réalisés par un gouvernement qui est constamment sous la pression d’ordres venus de l’extérieur du pays et des manœuvres des élites locales. Haïti est traditionnellement dénigré et souvent dépeint comme un pays violent, pauvre et répressif dans le meilleur des cas. Peu de commentaires rappellent l’indépendance acquise de haute lutte en 1804 contre les armées françaises de Napoléon. Plutôt que de souligner la démarche humaine et le combat pour les Droits de l’Homme, la sauvagerie et la violence seront les caractéristiques assimilées aux Haïtiens. Edouardo Galeano parle de la « malédiction blanche » : « A la frontière où finit la République dominicaine et commence Haïti, une grande affiche donne un avertissement : El mal paso - Le mauvais passage. De l’autre côté, c’est l’enfer noir. Sang et faim, misère, pestes. » [1] Il est indispensable de revenir sur la lutte d’émancipation menée par le peuple haïtien, car en représailles à cette double révolution, à la fois anti-esclavagiste et anti-coloniale, le pays a hérité de « la rançon française de l’Indépendance » correspondant à 150 millions de francs or (soit le budget annuel de la France de l’époque). En 1825, la France décide que « Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la caisse fédérale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au 31 décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité. » [2] Le paiement de cette rançon est donc l’élément fondateur de l’Etat haïtien et a débouché sur la constitution d’une dette odieuse. En termes juridiques, cela signifie qu’elle a été contractée par un régime despotique et utilisée contre les intérêts des populations. La France puis les Etats-Unis, dont la zone d’influence s’élargit à Haïti, occupée par les marines états-uniens dès 1915, en sont pleinement responsables. Alors qu’il aurait été possible de faire face aux douloureuses responsabilités du passé en 2004, le rapport de la Commission Régis Debray préfère écarter l’idée d’une restitution de cette somme en prétextant qu’elle n’est pas « fondée juridiquement » et que cela ouvrirait la « boîte de Pandore » [3]. Les requêtes du gouvernement haïtien en place sont rejetées par la France : pas de réparations qui tiennent. La France ne reconnaît pas non plus son rôle dans l’ignoble cadeau qu’elle fît au dictateur « Baby Doc » Duvalier en exil en lui offrant le statut de réfugié politique et donc l’immunité. Le règne des Duvalier commence avec l’aide des Etats-Unis en 1957 : il durera jusqu’en 1986, date à laquelle le fils « Baby Doc » est chassé du pouvoir par une rébellion populaire. La violente dictature largement soutenue par les pays occidentaux a sévi près de 30 ans. Elle est marquée par une croissance exponentielle de sa dette. Entre 1957 et 1986, la dette extérieure a été multipliée par 17,5. Au moment de la fuite de Duvalier, cela représentait 750 millions de dollars. Ensuite elle monte, avec le jeu des intérêts et des pénalités, à plus de 1 884 millions de dollars [4]. Cet endettement, loin de servir à la population qui s’est appauvrie, était destiné à enrichir le régime mis en place : il constitue donc également une dette odieuse. Une enquête récente a démontré que la fortune personnelle de la famille Duvalier (bien à l’abri sur les comptes des banques occidentales) représentait 900 millions de dollars, soit une somme plus élevée que la dette totale du pays au moment de la fuite de « Baby Doc ». Un procès est en cours devant la justice suisse pour la restitution à l’Etat haïtien des avoirs et des biens mal acquis de la dictature Duvalier. Ces avoirs sont pour l’instant gelés par la banque suisse UBS qui avance des conditions intolérables quant à la restitution de ces fonds [5]. Jean-Bertrand Aristide, élu dans l’enthousiasme populaire puis accusé de corruption avant d’être rétabli au pouvoir comme marionnette de Washington et finalement d’en être chassé par l’armée états-unienne, n’est malheureusement pas innocent en ce qui concerne l’endettement et les détournements de fonds. Par ailleurs, selon la Banque mondiale, entre 1995 et 2001, le service de la dette, à savoir le capital et les intérêts remboursés, a atteint la somme considérable de 321 millions de dollars. Toute l’aide financière annoncée actuellement suite au tremblement de terre est déjà perdue dans le remboursement de la dette ! Selon les dernières estimations, plus de 80 % de la dette extérieure d’Haïti est détenue par la Banque Mondiale et la Banque interaméricaine de développement (BID) à hauteur de 40 % chacune. Sous leur houlette, le gouvernement applique les « plans d’ajustement structurel » remaquillés en « Documents Stratégiques pour la Réduction de la Pauvreté » (DSRP). En échange de la reprise des prêts, on concède à Haïti quelques annulations ou allégements de dette insignifiants mais qui donnent une image bienveillante des créanciers. L’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PTTE) dans laquelle Haïti a été admise est une manœuvre typique de blanchiment de dette odieuse comme cela été le cas avec la République démocratique du Congo. On remplace la dette odieuse par de nouveaux prêts soi-disant légitimes. Le CADTM considère ces nouveaux prêts comme partie prenante de la dette odieuse puisqu’ils servent à payer cette antique dette. Il y a continuité du délit. En 2006, quand le FMI, la Banque mondiale et le Club de Paris acceptèrent que l’initiative PPTE s’élargisse à Haïti, le stock de la dette publique extérieure totale était de 1.337 millions de dollars. Au point d’achèvement de l’initiative (en juin 2009), la dette était de 1.884 millions. Une annulation de dette d’un montant de 1.200 millions de dollars est décidée afin de « rendre la dette soutenable ». Entre temps, les plans d’ajustement structurel ont fait des ravages, notamment dans le secteur agricole dont les effets ont culminé lors de la crise alimentaire de 2008. L’agriculture paysanne haïtienne subit le dumping des produits agricoles étasuniens. « Les politiques macro-économiques soutenues par Washington, l’ONU, le FMI et la Banque mondiale ne se soucient nullement de la nécessité du développement et de la protection du marché national. La seule préoccupation de ces politiques est de produire à bas coût pour l’exportation vers le marché mondial [6] ». C’est donc scandaleux d’entendre le FMI dire qu’il « se tient prêt à jouer son rôle avec le soutien approprié dans ses domaines de compétence ». [7] Comme le dit le récent appel international « Haïti nous appelle à la solidarité et au respect de la souveraineté populaire » : « Au cours des dernières années et aux côtés de nombreuses organisations haïtiennes, nous avons dénoncé l’occupation du pays par les troupes de l’ONU et les impacts de la domination imposée par les mécanismes de la dette, du libre-échange, du pillage des ressources naturelles et de l’invasion par des intérêts transnationaux. La vulnérabilité du pays aux catastrophes naturelles – due en grande partie aux ravages causés à la nature, à l’inexistence d’infrastructures de base, et à l’affaiblissement de la capacité d’action de l’Etat – ne devrait pas être considérée comme étant sans lien avec ces politiques qui ont historiquement sapé la souveraineté du peuple. » Il est maintenant temps que les gouvernements qui font partie de la MINUSTAH [Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), site officiel.]], des Nations unies et en particulier la France et les Etats-Unis, les gouvernements latino-américains, revoient ces politiques qui s’opposent aux besoins élémentaires de la population haïtienne. Nous exigeons de ces gouvernements et organisations internationales qu’ils substituent à l’occupation militaire une véritable mission de solidarité, et qu’ils agissent pour l’annulation immédiate de la dette qu’Haïti continue de leur rembourser. » [8] Indépendamment de la question de la dette, il est à craindre que l’aide prenne la même forme que celle qui a accompagné le tsunami qui a frappé, fin décembre 2004, plusieurs pays d’Asie (Sri Lanka, Indonésie, Inde, Bangladesh) [9] ou encore l’après-cyclone Jeanne en Haïti en 2004. Les promesses n’ont pas été tenues et une grande partie des fonds ont servi à enrichir des compagnies étrangères ou les élites locales. Ces « généreux dons » proviennent pour la majorité des créanciers du pays. Plutôt que de faire des dons, il serait préférable qu’ils annulent les dettes d’Haïti à leur égard : totalement, sans conditions et immédiatement. Peut-on vraiment parler de don quand on sait que cet argent servira en majeure partie soit au remboursement de la dette extérieure soit à l’application de « projets de développement nationaux » décidés selon les intérêts de ces mêmes créanciers et des élites locales ? Il est évident que, sans ces dons dans l’immédiat, il ne serait pas possible de faire rembourser cette dette dont la moitié au moins correspond à une dette odieuse. Les grandes conférences internationales d’un quelconque G8 ou G20 élargi aux IFI ne feront pas avancer d’un iota le développement d’Haïti mais reconstruiront les instruments qui leur servent à asseoir le contrôle néo-colonial du pays. Il s’agira d’assurer la continuité dans le remboursement, base de la soumission, tout comme lors des récentes initiatives d’allégement de la dette. Au contraire, pour qu’Haïti puisse se construire dignement, la souveraineté nationale est l’enjeu fondamental. Une annulation totale et inconditionnelle de la dette réclamée à Haïti doit donc être le premier pas vers une démarche plus générale. Un nouveau modèle de développement alternatif aux politiques des IFI et aux accords de partenariat économique (APE signé en décembre 2009, Accord Hope II …), est nécessaire et urgent. Les pays les plus industrialisés qui ont systématiquement exploité Haïti, à commencer par la France et les Etats-Unis, doivent verser des réparations dans un fonds de financement de la reconstruction contrôlé par les organisations populaires haïtiennes.
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20 janvier 2010 à 20:33 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
L’envoi de 10 000 marines en Haïti, la prise de contrôle par les USA de tous les points stratégiques, à commencer par l’aéroport de Port-au-Prince, le refus de laisser atterrir, sous prétexte de saturation, un avion français : tout semble annoncer une prise de contrôle d’Haïti par Washington.
L’attitude de Paris le confirme : nomination de personnes notoirement incompétentes pour enterrer le dossier, absence du gouvernement à la cérémonie de Notre Dame du 16 janvier (alors que le président de la République et de nombreux ministres devaient initialement s’y rendre), retrait des protestations contre la mainmise américaine sur l’aéroport Toussaint-Louverture… La marche arrière est totale.
Certes, l’engagement américain, présenté comme humanitaire, a été le plus rapide. Mais on sait que l’humanitaire est un pavillon qui peut flotter sur toutes sortes de marchandises. Des émeutes révèlent qu’en réalité les Haïtiens tardent à être secourus, ou du moins que les secours sont sélectifs. On peut s’attendre à des émeutes qui seraient réprimées grâce à un impressionnant déploiement militaire.
La mainmise sur Haïti est un scénario étudié depuis longtemps. La preuve en est que l’ambassade des USA, récemment construite, n’a pas souffert du séisme, à la différence de l’ambassade de France. Depuis plusieurs années, dans le programme de rénovation de toutes les ambassades américaines dans le monde entier, celle de Port-au-Prince était présentée comme aussi stratégique que celle de Bagdad.
Le séisme qui frappe aujourd’hui Port-au-Prince est une bonne occasion de prendre le contrôle d’un pays, présenté comme misérable à cause de la couleur de ses habitants, mais doté d’un riche sous-sol, avec des réserves pétrolifères qui pourraient être supérieures à celles du Vénézuela, d’importants gisements d’or et de cuivre et surtout des ressources en iridium, matériau extrêmement résistant et utilisé dans l’industrie de l’armement (protection des têtes de missiles balistiques intercontinentaux).
Il faut savoir que le seul autre pays au monde à détenir d’importantes ressources d’iridium est l’Afrique du sud. Comme par hasard l’Afrique du sud était la seule nation à aider Haïti au moment de la célébration du bicentenaire de son indépendance. La France avait pourtant déployé des efforts considérables pour l’en dissuader. Depuis le coup d’État franco-américain de 2004, c’est l’Afrique du Sud qui accueille et protège l’ex-président Aristide, lequel n’a jamais fait mystère de la richesse du sous-sol de son pays.
On ne pourrait suspecter les Américains de mauvaises intentions s’il n’y avait des précédents. Le 28 juillet 1915, sous prétexte de sortir Haïti d’un prétendu « chaos », les marines débarquaient comme aujourd’hui à Port-au-Prince et s’emparaient des réserves d’or de la banque nationale. Des milliers de paysans, les Cacos, s’insurgèrent alors sous la conduite de Charlemagne Péralte qui, trahi et arrêté en 1919, fut cloué par l’occupant sur une porte. La répression fut particulièrement féroce. Pour réduire les derniers foyers de résistance, les USA inaugurent en 1919 les bombardements aériens massifs. Tout résistance est écrasée en 1920. Les USA ne quittèrent le pays qu’en 1934. Dix-neuf ans d’occupation après un débarquement à des fins, comme aujourd’hui... humanitaires.
Claude Ribbe
www.claude-ribbe.com
19 janvier 2010 à 13:01 dans Actualité, International | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
14 septembre 2009 à 18:52 dans Actualité, International | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
17 août 2009 à 09:10 dans Actualité, Lectures publiques d'AIAPEC | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
| CADTM | www.cadtm.org/spip.php?article4678 |
Au 46ème jour de lutte du peuple hondurien contre le Coup d’Etat et le gouvernement de facto, la Police et les Forces Armées ont une nouvelle fois fait preuve d’une extrême brutalité et d’une répression féroce à l’égard des manifestants. En dépit de la répression de la nuit dernière, une nouvelle manifestation qui a réuni des dizaines de milliers de personnes, pacifiques et déterminées, est partie de l’Université pédagogique. Elle allait se rendre au Palais présidentiel, mais à l’annonce de la loi votée par le Congrès National visant à rendre le service militaire obligatoire en cas de crise, les opposants au régime putschiste ont décidé de marcher vers le Congrès.
Alors que les manifestants avançaient vers le Congrès, le centre de la ville s’est vu encerclé par des centaines de militaires et de policiers en armes, empêchant la population de circuler librement et d’exercer son droit à manifester. Les manifestants ont alors subi de plein fouet la violence policière : gaz lacrymogènes, coups aux manifestants pris de panique, arrestations arbitraires, etc.
Suite à cette provocation des forces putschistes se déroule une confrontation devant le Congrès : la police lance des gaz contre les manifestants démunis, qui répondent par des jets de pierres. Après avoir gazé toute la place autour du congrès et le Parque central, les policiers et militaires pourchassent les manifestants qui essayent de fuir en se dispersant dans les rues, frappent les personnes qu’ils arrêtent. Des femmes ont subi des agressions sexuelles. A 14h30 devant le Congrès, alors qu’une vingtaine de personnes ont déjà été arrêtées, nous sommes témoins de l’arrestation d’une dizaine d’autres, dont nous avons pu noter les identités afin de les communiquer aux associations qui assurent le suivi juridique des personnes détenues, la COFADEH (Comité des Familles de Détenus Disparus au Honduras |1|) principalement. Les militaires et policiers s’en sont pris sans distinction et sans motif aux hommes, femmes et enfants. L’action collective sur la place devant l’édifice du Congrès a permis d’éviter la détention d’un mineur de quatorze ans, tandis que dans la cour du Congrès, on assistait impuissant à l’arrestation d’une professeur, Mabel Carolina Lopez, violemment maintenue au sol pendant près d’une demi heure par les militaires. Les éléments des forces armées qui étaient devant le Congrès élevaient leurs boucliers afin d’empêcher les journalistes de filmer, de prendre des photos. On bloque le passage à la délégation des droits humains, seule une procureur de COFADEH est reçue. Peu après, certains détenus sont apparemment transférés vers une caserne militaire tandis que d’autres sont amenés dans les sous-sols de l’édifice du Congrès. Un journaliste hondurien a également été agressé , les militaires lui ont arraché sa caméra. La répression était semblable voire plus cinglante en d’autres points du centre ville, ainsi qu’a San Pedro Sula, principale ville du Nord du pays.
Le régime putschiste a notamment utilisé le ’Poste 21’ composé de militaires des forces spéciales Cobra, forces tristement célèbres pour les tortures qui y ont été perpétrées dans les années 1980. Y ont été enfermées de façon tout à fait illégale 26 personnes, dont on apprend par le Front des Avocats contre le Coup d’Etat qu’elles ont été torturées, frappées, humiliées. Toujours détenues, le régime putchiste veut les inculper d’actes terroristes !
En tant que « Mission d’Observation », nous nous sommes rendus à l’Hôpital Viera où se trouvait le député du parti Unificacion Democratica (UD) Marvin Ponce, blessé par balles au pied, afin de recueillir son témoignage. Impossible d’entrer dans l’hôpital, le gardien avait reçu l’ordre de ne pas nous laisser rentrer !
Dans un même temps, l’Université pédagogique nationale Francisco Morazán (UPNFM), le point de convergence de la résistance hondurienne, a été transformée en forteresse militaire. Une quarantaine de personnes qui étaient à l’intérieur – professeurs, étudiants, syndicalistes, etc - ont été séquestrées plus de huit heures. Ils et elles ont été forcés à se rassembler au centre du terrain de basket, où les militaires les ont maintenus, l’arme pointée en leur direction. Il s’agit d’une détention illégale, réalisée par des forces militaires dans un lieu d’éducation supérieure publique dont l’autonomie est garantie par la Constitution.
Nous nous sommes rendus sur les lieux, accompagnés de deux avocates de la COFADEH afin de pousser à la libération des personnes détenues. Non sans mal, une journaliste de la Cofadeh parvient à rentrer, un avocat du Front des Avocats contre le Coup d’Etat était sur place. Le chef de police, Mr. Cerrato, déclare à la presse que les personnes retenues à l’intérieur font l’objet d’une enquête et doivent donner leur déclaration au sujet d’explosifs que la police et l’armée auraient trouvés à l’intérieur l’Université et attribuent aux opposants. Or, les personnes séquestrées expliquent que ces prétendues « preuves » sont du matériel utilisé par des infiltrés, des déchets de balles et de bombes lacrymogènes tirées la veille par la police contre l’Université.
Aujourd’hui 13 août, on reporte de nombreux blessés à l’Hôpital Escuela, le Consejo Civico de Organizaciones Populares e Indigenas de Honduras (COPINH) déclare que 5 personnes de cette organisation sont portées disparues depuis hier. Les chiffres concernant le nombre de détenus varient selon les sources (police et ministère public). On craint que de nombreuses personnes demeurent disparues.
Cette nouvelle démonstration de force de la part du gouvernement illégitime de Roberto Michelleti et l’établissement d’un régime autoritaire restreignant chaque jour davantage les libertés fondamentales du peuple hondurien font ressurgir le spectre des dictatures latino-américaines des années 1970-1980. Face à l’escalade de violences et de répression, aux violations graves des droits humains, civils et politiques, la solidarité des citoyens et des mouvements sociaux est indispensable. Entre autres revendications, le Front contre le coup d’Etat appelle à faire pression sur les gouvernements du Nord afin qu’ils bloquent tout soutien financier au régime de facto.
|1| Comité de Familiares de Detenidos Desaparecidos en Honduras, www.cofadeh.org
Jerome Duval et Cécile Lamarque sont membres du Comité pour l’Annulation de la dette du Tiers monde (CADTM). Sabine Masson est chercheuse à l’Institut des Hautes Etudes Internationales et du dévellopement à Genève. Tous trois participent à la Mission internationale d’Observation et d’Accompagnement des organisations sociales en lutte contre le putsch au Honduras.
16 août 2009 à 21:53 dans Actualité, Ailleurs, Amérique Latine | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Mémoire des luttes
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http://www.medelu.org/spip.php?article231
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Chronique - juin 2009 / Bien plus qu’une simple grippe
mardi, 2 juin 2009
/ Ignacio Ramonet / Président de l’association Mémoire des Luttes
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Sur la rive texane de la vallée du Rio Grande, à deux pas de la frontière avec le Mexique, se trouve Harlingen, coquette petite ville américaine où, le 5 mai dernier, Judy Trunnell est décédée. Cette institutrice de 33 ans venait de donner naissance, par césarienne, à une jolie petite fille en pleine santé. « C’était une personne admirable et chaleureuse qui se consacrait à l’éducation d’enfants handicapés » ont déclaré ses parents et amis réunis pour les funérailles [1].
Le destin a voulu que Judy ait été la première victime, aux Etats-Unis, de la nouvelle grippe que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) appelle désormais A(H1N1) - un nom aseptisé afin d’éviter l’emploi de « grippe mexicaine », qui déplait aux autorités mexicaines, ou de « grippe porcine » qui contrarie les grands industriels de viande de porc.
Sans se laisser berner par cette astuce terminologique, le mari de Judy, Steven Trunnel, a dénoncé devant la justice, le 11 mai dernier, l’entreprise de production de viande de porc la plus importante au monde : Smithfield Foods Inc. Cette multinationale possède, par le biais de sa filiale mexicaine Granjas Carroll, des élevages de porcs gigantesques près d’un village de trois mille habitants, La Gloria, dans la municipalité de Perote de l’État mexicain de Veracruz.
L’avocat de Steven Trunnell, Marc Rosenthal [2], a révèlé que cette firme élève plus d’un million de porcs entassés dans quelque deux cents porcheries situées dans cette vallée de Perote. Il ajoute que les habitants de la région se plaignent de la puanteur et des conditions d’hygiène exécrables des porcheries. Le plagnant demande des dommages et intérêts pour la « mort injuste de Judy causée par Smithfield Foods » et réclame « environ un milliard de dollars ». Marc Rosenthal se propose de dénoncer l’horreur des élevages industriels de porcs et d’apporter les preuves que la grippe A(H1N1) trouve probablement son origine dans ces fétides porcheries de La Gloria d’où elle s’est propagée au reste de la planète.
L’entreprise Smithfields Foods nie une toute relation entre ses installations et l’apparition d’un foyer de nouvelle grippe aux portes de ses fermes [3], mais un récent rapport de l’association GRAIN [4] semble le confirmer. Les experts de cette organisation non gouvernementale dénoncent l’augmentation à grande échelle des porcheries industrielles qui créent les conditions parfaites pour l’apparition et la propagation de nouvelles formes de grippes fortement virulentes. Ces élevages sont des bombes à retardement prêtes à libérer des épidémies mondiales. « La concentration d’énormes quantités d’animaux entassés dans un tout petit espace facilite une transmission rapide ainsi que le brassage des virus » déclarent, par exemple, en 2006, des chercheurs de l’Institut National de Santé (NIH) des Etats-Unis [5].
Trois ans auparavant, en mars 2003, la revue Science [6] avait déjà averti que la grippe porcine était en train d’évoluer en phase rapide du fait de l’augmentation de la taille des élevages industriels et de l’utilisation généralisée d’antibiotiques et de vaccins. Les virologues mettaient en garde précisément le Mexique et les Etats-Unis contre un cocktail explosif viral à venir [7]. Ils affirmaient qu’ « après des années de stabilité, le virus de la grippe porcine nord-américaine semble se trouver dans une phase de rapide évolution et produit chaque année de nouvelles variantes ».
Ils imputaient la mutation fulgurante des virus à l’entassement de porcs dans des élevages insalubres de plus en plus immenses, et à la vaccination des femelles ce qui produit une sélection des nouveaux virus mutants. Ces deux facteurs, avisaient les experts « augmentent la possibilité de l’émergence d’un nouveau virus transmissible entre humains ». Ensuite, le virus s’échappe et se disperse de façon imparable.
Dans ce même article, le Dr Christopher Olsen, virologue à la Faculté de Vétérinaire de l’Université du Wisconsin, à Madison, allait jusqu’à prophétiser : « Maintenant, nous devons chercher au Mexique la ferme où va apparaître la prochaine pandémie [8]. »Tout indique que cette ferme a été localisée. Et que l’enfer de l’épidémie actuelle a commencé à La Gloria, à faible distance des porcheries de Smithfield.
Smithfield Foods Inc. est une des plus grandes entreprises agroalimentaires de la planète et le numéro un mondial de la viande de porc. Son siège se trouve à Smithfield en Virginie et elle possède des filiales dans plusieurs pays à travers le monde. En Espagne, Smithfield Foods contrôle 24% du capital de Campofrío, leader espagnol de la production de viande de porc. Campofrío a fusionné en juin 2008 avec la filiale européenne Smithfield Holdings [9] du géant américain pour constituer une nouvelle entreprise Campofrío Food Group, leader européen du marché de la charcuterie (www.campofriofoodgroup.com) [10]. La firme avait acquis, en 2006, le groupe Aoste, leader français de la charcuterie, dont le siège (Smithfield France Services) se trouve à Landivisiau (Finistère) et détient les marques Justin Bridou, Cochonnou et Jean Caby (www.smithfield.fr).
Avec un chiffre d’affaires de près de 12 milliards de dollars, Smithfield Foods, qui approvisionne les chaînes de restauration rapide McDonald’s et Subway, est la troisième compagnie américaine la plus puissante de production alimentaire, après Archer Daniels Midland et Tyson Foods. En 2008, elle occupait le 222e rang parmi les 500 firmes les plus importantes au monde, selon la revue Fortune [11]. Mais elle a été fréquemment accusée de contaminer l’eau, le sol et l’air et de ne pas respecter les droits de ses travailleurs. Dans son rapport de 2005, intitulé Du sang, de la sueur et de la peur. Les droits des travailleurs dans les exploitations de viande et les granges avicoles aux Etats-Unis, l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch dénonce durement ses abus [12]. En 1997, elle s’était vu infliger une amende de 12 millions trois cent mille dollars pour violation de la Loi américaine sur les Eaux potables [13].
Afin d’éviter ces accusations, Smithfield Foods a délocalisé une partie de ses élevages dans des pays comme le Mexique, la Roumanie et la Pologne, où les lois pour la protection de l’environnement sont moins strictes (ou inexistantes), et où certains hommes politiques sont plus disposés à se laisser corrompre [14]. Grâce à sa filiale Granjas Carroll, Smithfield s’est donc installé dans une zone rurale reculée au Mexique, près de La Gloria, en 1994, profitant de l’Accord de libre échange nord-américain (Alena), entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada, et où il n’a plus besoin de s’inquiéter d’être accusé de violer quelque loi sur l’environnement.
Dans des baraquements à ventilation défectueuse et constamment éclairés pour stimuler leur croissance, les cochons vivent enfermés dans des cages qui empêchent tout mouvement. On les gave jusqu’à ce qu’ils atteignent environ 120 kilos. Les élevages sont de véritables cités de porcs, entourées d’océans d’excréments et de pourriture. La contamination et son impact sur la santé des habitants, ainsi que les fosses où sont déposés les déchets animaux, ont favorisé, dès 2004, la création d’un mouvement écologique protestataire. Granjas Carrol a réagi en le réprimant. De nombreux habitants de La Gloria et d’une dizaine de communautés qui vivent depuis des années dans cette infection et respirent jour et nuit un air nauséabond, se sont unis pour protester contre l’expansion de la transnationale. Ils ont organisé des réunions et des manifestations. L’entreprise les a attaqués en justice. Plusieurs activistes ont été arrêtés et condamnés, d’autres incarcérés et obligés de payer des amendes.
Un correspondant du quotidien La Jornada [15], Andrés Timoteo, s’est rendu sur les lieux pour décrire l’atmosphère dans laquelle vivent les habitants : « Des nuages de mouches émanent des fosses d’oxydation où l’entreprise Granjas Carrol déverse les déchets fécaux de ses fermes porcines. La pollution à ciel ouvert a déjà entraîné une épidémie d’infections respiratoires (…) Le vecteur épidémique serait des nuages de mouches qui sortent des fermes porcines et des fosses d’oxydation où l’entreprise mexico-étasunienne déverse des tonnes de fumier. »
Les habitants attribuent l’apparition des maladies à cette pollution et à l’empoisonnement de l’eau et de l’atmosphère.
Un autre reporter, Jorge Morales Vásquez, raconte dans Milenio [16] comment les habitants ont passé des années à protester contre l’expansion de l’entreprise porcine et comment ils souffrent de la répression policière et de persécutions. Durant son enquête, le journaliste a constaté à son tour « l’odeur fétide qui provient des fermes de porcs et que l’on respire toute la journée dans la petite communauté d’à peine trois mille habitants, ainsi que l’existence d’essaims de mouches qui infestent les domiciles des familles. ». Il a inspecté les alentours des « fosses d’oxydation » dans lesquelles les matières fécales des porcs sont soumises à un procédé de décomposition à l’air libre les transformant en gaz méthane, responsable des effluves empuantis qui inondent la zone. Le reporter a pu observer ce qu’on appelle les « biodigestores », sont de simples tranchées couvertes avec une porte métallique où sont jetés les cadavres des porcs malades, ou morts en se battant dans les porcheries. Il rapporte que « dans ces trous creusés dans le sol, les charognes se décomposent, représentant un foyer de contamination et de prolifération de mouches de la taille d’une abeille qu’on appelle au Mexique « muerteras », c’est-à-dire « croquemorts », et qui, poussées par le vent, voyagent en essaim jusqu’à La Gloria et envahissent les foyers… » De nombreuses familles déclarent avoir été affectées par de fréquents maux de têtes, des maladies gastro-intestinales et des voies respiratoires, et avoir développé des diarrhées, toux, infections de la gorge, vomissements et fièvres.
C’est à cet endroit, selon toute vraisemblance, que le virus A(H1N1) est passé du porc à l’humain, entre novembre 2008 et janvier 2009. Et il peut avoir commencé à infecter d’importantes quantités de personnes courant mars [17]. Mais les autorités fédérales mexicaines n’ont pas diffusé publiquement l’information. Mais le phénomène était tellement insolite que plusieurs organismes internationaux de santé ont commencé à s’inquiéter de ce qui se passait à La Gloria.
A tel point que, dès le 6 avril - soit 18 jours avant que le gouvernement mexicain alerte l’OMS de l’apparition d’un nouveau virus de grippe humaine -, le site web de Biosurveillance, qui appartient à Veratect [18], Centre du gouvernement américain chargé de l’information épidémiologique, rapportait que, à La Gloria, on avait constaté une série de cas étranges d’ « infections respiratoires semblables à la bronchite pneumonique avec fièvre et forte toux » et que « 60% des habitants » souffraient d’une nouvelle maladie atypique.
Les autorités mexicaines ont su rapidement qu’un foyer infectieux grave d’une grippe inconnue s’était déclaré dans la vallée de Perote. Et que les traitements habituels se révélaient incapables d’empêcher le mal de se diffuser rapidement. Mais elles n’ont pas donné l’alerte. Elles n’ont pas mobilisé sérieusement les services de santé et les chercheurs scientifiques. Elles n’ont pas non plus informé l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), à ce moment-là, de la gravité d’une situation dont le contrôle était en train de leur échapper.
Pourquoi le gouvernement mexicain a-t-il agi ainsi ? Selon des experts locaux, une telle « discrétion » s’expliquerait parce que les premiers cas sont apparus à la veille des vacances de Pâques, période cruciale pour l’industrie touristique mexicaine… Mais tout indique que la raison principale est diplomatique. Il s’agissait d’éviter que la visite de Barack Obama, prévue les 16 et 17 avril, deuxième visite à l’étranger du président des Etats-Unis après son séjour au Canada en février, soit reportée pour des raisons de sécurité sanitaire.
Pour le président mexicain Felipe Calderón, dont l’élection en juillet 2006 fut très controversée [19], la visite de Barack Obama signifiait une reconnaissance définitive. Rien, pas même la menace d’un nouveau virus dévastateur, ne devait la retarder. A cette date, l’épidémie avait déjà atteint l’entourage de Felipe Calderón. La preuve : un archéologue, Felipe Solis, qui - avec le président Calderón - avait accueilli au Musée National d’Anthropologie de Mexico, le président des Etats-Unis, était lui-même porteur du virus et devait décéder six jours plus tard… Un conseiller du secrétaire américain à l’Energie, Steven Chu, qui s’était rendu au Mexique pour préparer la venue du Président Obama, a été également contaminé par la nouvelle maladie. Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a reconnu que même l’épouse, le fils et le neveu du fonctionnaire avaient présenté des symptômes de la nouvelle grippe [20].
Devant les proportions que prenait la pandémie, les services de santé mexicains ont enfin décidé d’agir en envoyant des échantillons médicaux pris sur certains malades de La Gloria à des laboratoires aux Etats-Unis et au Canada. Le 23 avril, le Laboratoire National de Microbiologie de l’Agence de Santé Publique du Canada à Winnipeg détectait le nouveau virus contenant à la fois des éléments de grippe aviaire, porcine et humaine, après analyse d’un échantillon provenant d’un enfant de cinq ans tombé malade en mars.
Cet enfant, aujourd’hui guéri, a été identifié comme le premier être humain infecté - le « patient zéro » - par la souche virulente de la nouvelle grippe porcine. Il s’appelle Edgar Hernández et son histoire, rapportée par le New York Times [21], l’a rendu célèbre. Edgar a raconté les sévères symptômes dont il a souffert quand tout a commencé à La Gloria le 9 mars dernier : sa tête le brûlait, il toussait, il avait mal au ventre, à la gorge, et avait perdu l’appétit [22].
Selon la revue Science [23], dans un article publié le 11 mai dernier, on estime que le 24 avril, jour où la pandémie a été rendue publique au Mexique, il y avait déjà probablement entre 6 000 et 32 000 cas de grippe porcine dans le pays, c’est-à-dire beaucoup plus que le chiffre annoncé par les laboratoires.
Il n’est pas évident que cette vague de grippe A(H1N1) soit, pour le moment, plus dangereuse que les infections communes des souches habituelles des virus saisonniers qui tuent chaque année entre 250 000 et 500 000 personnes dans le monde. Mais, selon Science, le virus A(H1N1) semble beaucoup plus contagieux que celui de la grippe banale. Pour sa part, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a averti que le nouveau virus pouvait encore muter, devenir beaucoup plus virulent et provoquer une pandémie qui pourrait se propager en trois temps. L’OMS signale que « la gravité de cette grippe vient de la tendance des pandémies à faire le tour du monde au moins deux, voire trois fois ». Actuellement l’époque habituelle de la grippe commence dans l’hémisphère sud. Le virus A(H1N1) pourrait s’y accoutumer aux antiviraux (Tamiflu) et passer par une nouvelle mutation avant de revenir dans l’hémisphère nord en octobre prochain, avec beaucoup plus de virulence, comme la terrible « grippe espagnole » en 1918. Tout indique cependant que la nouvelle épidémie sera moins sévère que celle de 1918 ; mais certains experts estiment qu’elle sera aussi létale que celle de 1957 (la « grippe asiatique ») qui avait provoqué plus de deux millions de morts…
Afin de protéger leurs citoyens, les gouvernements de la planète se sont approvisionnés en grande quantité du médicament antiviral Tamiflu (oseltamivir), un des rares traitements efficaces contre le virus mutant H1N1 (il se prend en comprimés par voie orale) et recommandé également par l’OMS.
L’histoire du Tamiflu dans ces circonstances, est des plus instructives. Il a été découvert par l’entreprise pharmaceutique Gilead Sciences Inc, dont le siège se trouve à Foster City en Californie. Gilead a cédé ses droits de fabrication et de commercialisation à la firme multinationale suisse Roche, laquelle lui reverse 22% de ses bénéfices annuels pour les ventes de Tamiflu.
Il est intéressant de noter que Donald Rumsfeld, ancien secrétaire américain de la Défense dans le gouvernement du président George W. Bush, et un des principaux idéologues de l’invasion illégale de l’Irak [24], fut président de Gilead Sciences Inc de décembre 1997 jusqu’à sa nomination au Pentagone en 2001, et en conserve un nombre important d’actions.
Une des premières mesures de Rumsfeld quand il est arrivé au gouvernement, a été de déclarer le Tamiflu d’usage obligatoire au sein des forces armées [25]. Les bénéfices de Roche et de Gilead, et par conséquent les gains personnels de Donald Rumsfeld, sont montés en flèche. Les actions de l’entreprise ont également monté en Bourse, à partir de 2003 quand sont apparues en Asie les menaces d’épidémie du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et du virus H5N1 de la grippe aviaire.
Fascinés par la théorie du complot, certains en sont venus à en conclure que le détesté Rumsfeld devait être impliqué d’une façon ou d’une autre dans l’apparition de ces épidémies et en particulier dans celle du nouveau virus mutant A(H1N1).
C’est peu probable. La principale cause de cette grave menace sanitaire réside dans l’horreur de industrialisation délirante de l’élevage d’animaux de boucherie. L’impitoyable système de nourrissage intensif a radicalement transformé le secteur de l’élevage. Aujourd’hui, il ressemble plus à l’industrie pétrochimique qu’à l’heureuse ferme familiale dont parlent les manuels scolaires [26]. En 1965, par exemple, il y avait aux Etats Unis 53 millions de cochons répartis dans plus d’un million de fermes. Aujourd’hui, il y a 65 millions de porcs concentrés dans seulement 65 000 exploitations. Au sein de l’Union européenne, la production porcine atteint environ 260 millions de têtes… En France, le nombre de porcs à l’engrais, dans quelque 23 000 exploitations, s’élève à quelque 6 millions. En Espagne, il y a actuellement 25 millions de porcs (plus d’un demi porc par habitant…) et 92 % d’entre eux sont élevés dans des exploitations intensives semblables à celles de Granjas Carroll à La Gloria.
On est passé, en très peu de temps, des porcheries traditionnelles aux enfers concentrationnaires dans lesquels s’entassent des dizaines de milliers d’animaux qui échangent, au milieu de la puanteur et sous des chaleurs asphyxiantes, des virus pathogènes en grande quantité.
Ce type d’agriculture inhumaine, intensive et productiviste qui dés-animalise l’animal et le considère comme un simple produit industriel, un simple matériel à viande, et procure des bénéfices financiers, est le vrai responsbale de la pandémie en cours [27]. Tant que sévira ce modèle insensé, le désastre sanitaire nous menacera tous.
[1] Dépèche AP, 6 mai 2009.
[2] Austin American-Statesman, 13 mai 2009.
[3] Smithfield Foods Reaffirms No Incidence of A(H1N1) In Any of Its Herds or Employees. http://investors.smithfieldfoods.com/releasedetail.cfm ?ReleaseID=381309
[4] Influenza porcine : un système alimentaire qui tue. L’industrie de la viande libère une nouvelle épidémie. www.grain.org/articles/ ?id=49
[5] http://cruzrojoepidemiologia.wordpress.com/
[6] Bernice Wuethrich, « Infectious Disease : Chasing the Fickle Swine Flu », Science, mars 2003, Vol. 299, n° 5612.
[7] L’Organisation Mondiale de la Santé avertit aussi en 1999 d’une possible vague de grippe porcine au Mexique et recommande la création de laboratoires afin de développer des traitements d’immunisation, avec pour objectif de garantir la disponibilité de vaccins. Malgré ces avertissements, le Mexique est resté sans infrastructures de développement et de production de vaccins contre le virus de la grippe porcine. Pis, le gouvernement fédéral a fermé deux instituts spécialisés et abandonné ses investissements pour la recherche en produits biologiques.
[8] www.agenciamn.com/index.php/De-Pe-a-Pa/Mexico-sabia-de-la-amenaza.html
[9] Cette firme est présente en France, au Portugal, en Belgique, aux Pays Bas et en Allemagne. En France, elle contrôle les groupes Aoste (marques Calixte, Cochonou, Justin Bridou) et Jean Caby.
[10] Ses principaux actionnaires sont : Smithfield Foods (37 %), Oaktree Capital (24 %), Pedro et Fernando Ballvé (12 %), la famille Díaz (5 %), Caja Burgos (4 %), QMC (2%) et le groupe Fuertes (2%)
[11] Fortune, 28 mars 2008, http://money.cnn.com/magazines/fortune/fortune500/2008/snapshots/728.html
[12] www.hrw.org/reports/2005/usa0105/resumen_sp.pdf
[13] F. William Engdahl, « Cerdos voladores, Tamiflu y granjas industriales », 3 mai 2009. (Traduit de l’anglais par Felisa Sastre : www.lahaine.org/index.php ?p=37648)
[14] Luis Hernández Navarro, « Las ciudades de cerdos de Smithfield » (Les villes de porcs de Smithfield), La Jornada, México, 12 mai 2009.
[15] La Jornada, México, 5 avril 2009.
[16] http://impreso.milenio.com/node/8559659
[17] « Pandemic Potential of a Strain of Influenza A (H1N1) : Early Findings », Science, 11 mai 2009.
[18] www.veratect.com/media.html
[19] Lire Ignacio Ramonet, Le Mexique fracturé, Le Monde diplomatique, août 2006.
[20] www.rtve.es/noticias/20090430/miembro-del-sequito-obama-muestra-sintomas-gripe/273070.shtml
[21] The New York Times, 29 avril 2009.
[22] www.abc.es/20090430/nacional-sociedad/todo-empezo-edgar-20090430.html
[23] op.cit. à la note 3.
[24] Léase, Ignacio Ramonet, Irak, Histoire d’un désastre, Galilée, Paris, 2004.
[25] Ernesto Carmona, L’influenza porcine bénéficie-t-elle au Tamiflu de Donald Rumsfeld ?, www.rebelion.org , 2 mai 2009.
[26] Mike Davis, La grippe porcine et le monstrueux pouvoir de la grande industrie agricole, www.sinpermiso.info/textos/index.php ?id=2528
[27] Carlos Martinez, « Una multinacional americana es denunciada como culpable del brote de la gripe porcina » - (Une multinationale américaine accusée d’être coupable de la vague de grippe porcine), www.rebelion.org
16 août 2009 à 21:46 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)