Vincent Cheynet est le rédacteur en chef de la Décroissance
Paul Aries est le directeur de la rédaction du Sarkophage
L'écologie politique est menacée de disparition coincée entre une droite Grenello-compatible et des Verts ralliés à Dany-le vert métamorphosé en Dany-l'orange. La gauche radicale est aussi menacée de disparition comme le note Jean-Luc Mélanchon en raison de l'alignement du parti socialiste sur l'idéologie des "nouveaux démocrates". Nous qui ne voulons ni d'une troisième voie socialo-libérale ni d'une troisième voie écolo-libérale nous devons nous unir.
Les milieux de la décroissance et de l'antiproductivisme lancent depuis Lyon un appel solennel au Front de Gauche et au NPA. Les Objecteurs de croissance sont prêts à prendre toute leur place au sein de cette convergence pour dire Non à l'Europe libérale et productiviste et pour avancer vers un projet assumant à la fois les contraintes environnementales, la justice sociale et lutte contre la société du mépris.
Cette crise peut être l'occasion historique de rappeler que l'enjeu n'est pas de relancer la machine pour faire grossir le gâteau mais d'en changer la recette. Nous nous félicitons de l'appel du Parti de gauche à remettre en cause le nucléaire.
Nous revendiquons avant tout une décroissance des inégalités sociales en mettant en débat l'idée d'un revenu minimum garanti européen couplé à un revenu maximal. Nous voulons faire du réseau international des Villes lentes et de Slow Food les exemples d'une politique de relocalisation et de réappropriation de nos vies. Il est possible de rendre notre projet désirable par le plus grand nombre.
Si aucun accord national n'est possible entre le NPA et le Front de gauche, les objecteurs de croissance, les réseaux anti-productivistes et anticonsuméristes, qui débattent, depuis des semaines, avec les uns et les autres dans la perspective d'une participation aux élections européennes appellent à faire régionalement exception.
La région Rhône-Alpes peut devenir pour des raisons historiques un lieu d'expérimentations politiques de cette gauche radicale qui assume pleinement la remise en cause des modèles croissancistes et productivistes. Nous proposons de réserver une tête de liste régionale à un objecteur de croissance afin de témoigner que la gauche en a fini avec son passif productiviste et permettre ainsi ce mariage si difficile entre les questions écologiques et sociales.
Les objecteurs de croissance font cette proposition parce qu'ils sont justement convaincus que la décroissance n'est pas la petite grenouille qui aurait vocation à devenir aussi grosse que le boeuf, parce qu'ils savent que les questions qu'ils posent sont incontournables pour reconstruire une alternative.
Aux partis de gauche de prouver qu'ils prennent au sérieux la question écologique et que face au "capitalisme vert", ils ont vraiment du neuf à construire. Les Objecteurs de croissance veulent croire en cette convergence possible. Nous devrons autrement en tirer les leçons et travailler avec tous les anti-productivistes pour nous doter d'un outils politique capable de porter notre projet.
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