par Raymond Dauvergne (Cual71)
1/ Remarques préalables :
Au plan national, un concert de critiques justifiées, de craintes bien réelles alimentent ce qui voudrait être la voix de l’opposition.
Est-ce pour autant suffisant pour modifier si peu que ce soit les orientations d’un gouvernement fort, dirigé par un oligarque qui s’est donné les pouvoirs de décider, et qui a le soutien sans faille de la classe qui possède, outre le pouvoir économique et politique, le pouvoir de l’information et de la communication, celui de la police, et a pu corrompre une partie du pouvoir judiciaire ?
En fait, la classe politique actuelle se divise en trois mouvances :
- La droite libérale qui mise sur le développement accéléré de la production marchande, répondant ou non aux besoins mondiaux, l’accumulation des richesses financières par le jeu de la spéculation, et une pression sociale organisée, cohérente, progressive, qui remet en cause implacablement tous les acquis sociaux. L’ensemble crée un mouvement de tassement du pouvoir d’achat des classes pauvres et moyennes au profit des classes aisées.
- Une partie de la gauche qui ne remet absolument pas en cause les principes du capitalisme que prône la droite mais pense qu’en « résistant » elle peut atténuer les effets néfastes du régime en place. Cette fraction de la gauche s’appuie sur les classes moyennes dont elle croit à tort qu’elles sont plutôt à l’abri des effets sanglants du libéralisme ce qui, en l’espèce, s’avère être une fatale erreur. Par ailleurs certains de ses leaders collaborent étroitement avec le système libéral : Banque européenne, F.M.I., ministères…
- La gauche antilibérale dont en Allemagne le parti « La Gauche » en est comme une modeste tentative de mise en œuvre, se veut radicale et cherche une alternative au mouvement quasi mondial néolibéraliste. Cette gauche antilibérale, en France, est fragmentée en une multitudes de petits partis ou d’anciens, (comme le P.C. en recherche d’un nouveau souffle), de mouvements contestataires, de mouvements citoyens, de mouvements d’éducation populaire et d’une somme de citoyens inorganisés qui pour la plupart sont en retrait de la vie politique, ayant perdu confiance en toute possibilité de changement. L’action revendicative collective est contrecarrée par l’avènement de l’individualisme qui se traduit par la recherche d’une solution personnelle aux problèmes qu’on ne peut résoudre ensemble.
Le risque est que, par le pouvoir de la résignation et du refus de confiance par ailleurs souvent justifié, nous assistions progressivement au déclin et à la disparition de la démocratie par l’abstention, entraînant l’affaiblissement de la représentativité des élus.
2/ Propositions de bases de discussion :
A - les faux espoirs à éliminer :
Croire que la crise financière actuelle sonne le glas de l’ultra-libéralisme dominant.
Elle n’est pas générale et ne touche que la sphère financière, mettant provisoirement en difficulté le système bancaire mondial ou quasi mondial et par voie de conséquence ralentit tout autant provisoirement la croissance économique au même échelon international.
Elle peut s’avérer salutaire pour le capitalisme car une part importante des richesses collectives détenues par les banques nationales va être investie pour relancer les banques privées sans autre contrepartie qu’une promesse de remboursement progressif lié aux futurs et éventuels profits déclarés.
La moralisation du marché relève de la pure fantaisie car par définition ce dernier est libre et par essence amoral parce que prédateur . Mais le système peur en ressortir renforcé. Il aura montré sa capacité à surmonter ses difficultés, ce qu’aucun autre dira-t-il, ne saurait faire !
Plus cruellement encore ce sont les pays sous-développés de la planète qui vont subir les contre-coups de cette crise car évidemment les pays développés vont d’abord assurer leur redressement et les aides à ces populations affamées viendront plus tard, si elles viennent.
Donc pour ne pas en être dupes, il faut agir.
B – Quelques pistes à explorer :
Il y a je crois à repenser fondamentalement l’organisation du système économique international. Penser d’abord localement, agir à l’échelon continental puis mondial avec tous les partenaires potentiels.
Vouloir remettre à flot les théories marxistes et surtout les formes sous lesquelles elles ont été appliquées serait pure utopie. Elles avaient oublié à mon sens ce qui peut être la base d’une économie mondiale rénovée : la notion de solidarité et de partage démocratique des responsabilités.
Presque toujours, au départ de l’activité humaine se situe l’initiative individuelle qu’il faut à tout prix préserver. Cela donne un sens au travail tout en valorisant l’individu qui se sent utile aux autres, parce que socialement intégré.
Si celui qui fut à l’origine de l’initiative n’est plus en mesure d’assurer seul le projet, la qualité de sa production étant reconnue, que la demande afflue, que le succès soit au rendez-vous , il a besoin de s’adjoindre un ou plusieurs collaborateurs . Ainsi naît l’entreprise.
C’est à ce niveau que je situe le nœud du développement économique.
Afin d’éviter tout asservissement au pouvoir du possédant, la loi devrait alors prévoir que tout acteur de l’entreprise devient co-responsable, donc co-gestionnaire, partageant à la fois les aléas et les résultats que le travail de tous vont enclencher et participant effectivement à toutes les décisions.
Ce sont les fondements d’une profonde révolution car un lien étroit doit engager toutes les parties. Il faut alors prendre en compte l’essentiel : le capital initial ne serait pas rémunéré. Le développement de l’entreprise pourrait contribuer équitablement à assurer le salaire de chacun, ses couvertures sociales, à développer la production en coopération, à assurer la formation ou le perfectionnement de chaque associé, voire la recherche globale au niveau de la qualité de la production donc des performances de l’entreprise et son extension.
Toutes solutions prises en commun sont envisageables en tenant évidemment compte des savoirs, des savoir-faire de chacun ce qui ne conduit pas à une hiérarchie mais une autre forme de partage des responsabilités et à une échelle des rétributions établie et acceptée en commun.
Des exemples à peu près semblables sont déjà expérimentés dans des coopératives solidaires de production disséminées de par le monde. Ce n’est donc pas pure utopie.
Ces unités seraient par essence évolutives tant par le nombre de membres les composant, que par la nature même de la production s’adaptant aux besoins locaux ou environnementaux.
La dimension de l’entreprise ne devrait pas être un frein à ce mode d’organisation.
Comme toute œuvre humaine est souvent éphémère, il faut aussi envisager sa disparition et son remplacement par une ou plusieurs autres activités répondant à des besoins nouveaux ou à d’autres non encore satisfaits, mais non essentiellement par seul souci de profitabilité pour elle-même.
Le pas à franchir consisterait à généraliser cette forme nouvelle d’activité humaine à tous les secteurs de production et de services.
Une formule parmi d’autres, non coercitive, consisterait à mettre en œuvre plusieurs expérimentations de ce type, analyser leur fonctionnement et leurs résultats tant au plan économique qu’humain et social.
A terme, si, démocratiquement ce modèle ou un modèle similaire était plébiscité, on pourrait alors envisager son extension à toute forme d’activité.
Il faut aussi tabler sur la contagion qu’engendrerait cette formule nouvelle donnant satisfaction à tous ses partenaires.
C- Envisager différemment le système bancaire :
Simultanément et obligatoirement il faut envisager une solution radicale pour soustraire totalement le pouvoir économique et par voie de conséquence (nous le vivons actuellement) le pouvoir politique, à la suprématie financière.
Au lieu de laisser aux banques privées le pouvoir de permettre ou non d’investir, le droit à spéculer avec l’argent dont elles sont détentrices et de faire courir à sa perte un mode de développement, il est indispensable d’intégrer toutes les banques à une Banque d’envergure nationale.
Cet organisme aurait pour mission de centraliser le potentiel financier d’un pays à deux fins : accueillir tous les dépôts, tous les bénéfices (profits) non immédiatement utilisés, et recueillir toutes les ressources directes ou indirectes de la nation.
De permettre aux citoyens par l’intermédiaire de leurs représentants de répartir les richesses réelles disponibles du pays selon les critères qu’ils établiront dans le cadre du vote du budget national.
De mettre à la disposition des acteurs économiques définis au paragraphe précédent les fonds nécessaires à la mise en chantier de leurs projets sous forme de prêts à taux fixe et remboursables à échéances et à montant également fixes.
Les fonds déposés par les entreprises et les particuliers seraient rémunérés au même taux que les prêts.
Les banques privées actuelles réparties sur tout le territoires, deviendraient dépendantes de cette Banque nationale et constitueraient un service public bancaire accessible à tout citoyen.
Les titulaires de fonds, au lieu de placer leurs capitaux en achetant des actions en bourse pourraient eux aussi les placer dans cette Banque au taux unique défini par la loi.
Dans le cadre d’un contrôle des changes rigoureux, la Bourse actuelle deviendrait sans objet ce qui limiterait d’autant les dérives du système financier en particulier la spéculation.
D- La place et le rôle des Services publics :
Nous avons défini la Banque comme un premier Service public.
Pour elle comme pour tout autre Service son fonctionnement ne devrait pas différer du mode de gestion imaginé pour le secteur économique.
Les notions de responsabilisation et de cogestion ne sauraient être exclues ni celle d’initiative innovante bien au contraire.
La notion de hiérarchie resterait à définir en y intégrant celle de responsabilité, de collaboration solidaire, de confiance partagée et de rigueur acceptée par tous.
La notion de concurrence disparaît devant celle de la compétence et de l’émulation. Pour éviter la stagnation, la routine, des expériences de gestion innovante seraient mises en œuvre et étendues en cas de réussite et de progrès constatés.
Il faut entendre évidemment par Services publics, les domaines de la Santé, de l’Education, des Transports, des Postes et Télécommunications, de la Recherche, de la Justice, de la Défense nationale et de la Sécurité publique.
E- Les ressources à préserver et à inclure dans la gestion des biens publics:
Ce sont des points particulièrement sensibles et convoités par les sphères capitalistes parce que pouvant être sources de profits importants.
En premier lieu une des ressources à mettre immédiatement en régie serait le captage et la distribution d’eau, parce qu’elle est notre bien à tous, indispensable et mérite attention et protection, donc rester hors commercialisation.
L’enlèvement et le recyclage des déchets, le dépollution des eaux usées pourraient faire également l’objet d’une mise en régie.
Toutes nos ressources énergétiques (gaz, électricité, pétrole…) sont à gérer nationalement, même si une part doit être importée.
F- Une démarche possible :
Si une telle contribution pouvait être prise en compte après débats, discussions, amendements, elle pourrait participer à l’élaboration d’un programme électoral porté soit par des partis existants, voire par un mouvement plus global .
En cas de succès un processus constitutionnel est alors à mettre en chantier.
première publication le 03/02/09 par LS
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