16 octobre 2006 COMBATTRE LE NEOLIBERALISME : OUI, MAIS COMMENT ?
Un appel du mouvement
Initiatives Populaires pour une Refondation Démocratique
(IPRD)
Le néolibéralisme que nous subissons constitue la phase actuelle du développement du capitalisme. Il se caractérise par une hostilité systématique à toute forme de partage des richesses produites et un renforcement de l’accumulation, par une réduction des tâches publiques à des activités sécuritaires, par un transfert à des institutions supranationales (Union européenne, OMC, FMI) de pouvoirs qui leur donnent la capacité de remettre en cause les acquis démocratiques et sociaux par des dérégulations massives. Lancé par Reagan et Thatcher, ce néolibéralisme a trouvé une nouvelle impulsion avec les néo-conservateurs américains qui lui ont ajouté une dimension religieuse. Les gouvernements d’Europe, quelle que soit leur composition, ont suivi. Ils suivent encore et sont, autant que les USA, les architectes de cette nouvelle forme du capitalisme.
Tous, nous sommes décidés à le combattre, maintenant, ici et partout.
Tous nous avons mobilisé nos ressources et nos efforts pour apporter, en France, la première riposte à cette restauration conservatrice en rejetant le traité établissant une Constitution pour l’Europe. Ce rejet a suscité et suscite de grandes espérances en France, mais également dans de nombreux pays d’Europe et même dans certains pays du Sud.
Tous, nous convenons que cette espérance ne peut être déçue.
Tous nous affirmons la nécessité de donner à cette espérance, à l’occasion des scrutins qui vont venir, un prolongement politique, indispensable complément aux luttes sociales. Tous nous appelons à une démarche unitaire pour matérialiser ce prolongement politique.
Mais nous ne sommes pas tous d’accord sur la manière de concrétiser ce prolongement politique. Un certain nombre de personnes, parce qu’elles sont organisées dans des appareils, prétendent, à l’intérieur de ces appareils, détenir des droits plus importants que les autres citoyens. A la gauche du PS, ceux qui sont, au mieux 150.000, toutes formations confondues - ce qui signifie 0,4 % des électeurs inscrits - entendent privilégier d’abord la survie de structures héritées des luttes du siècle passé. Pour ces personnes, la démarche unitaire n’est acceptée qu’au prix du ralliement des autres à leur bannière. Ce qui signifie concrètement qu’aujourd’hui, l’espérance portée par près de douze millions de Françaises et de Français de gauche qui ont voté « non » le 29 mai est l’otage de 150.000 encartés dont les suffrages et les sondages nous rappellent, avec une implacable régularité, la très faible représentativité. La démocratie ne peut pas se réduire à des groupes qui en confisquent l’exercice ; il en va de la réconciliation du peuple avec le Politique.
L’espérance née le 29 mai ne peut être soumise à l’aspiration opportuniste de certains à recueillir les quelques miettes du pouvoir qu’on voudra bien leur concéder ; elle ne peut être davantage cantonnée dans une attitude d’opposition sectaire ou motivée par des arrières pensées spéculatives. Cette espérance porte une volonté de changement radical qui passe par un changement du rapport des forces à gauche. Aucune espérance ne peut en effet être fondée sur le PS, son programme, sa direction, ses candidats. Les électeurs et les électrices qui, d’habitude, votent pour ce parti attendent eux-mêmes autre chose. Ils l’ont clairement fait savoir le 29 mai.
Le changement du rapport des forces à gauche ne peut se faire qu’à partir d’un véritable projet alternatif porté collectivement et représenté par une candidature à laquelle toutes les électrices et tous les électeurs qui combattent le néolibéralisme peuvent apporter leur soutien. Le succès d’une telle ambition ne dépend pas seulement des organisations qui prétendent détenir des droits particuliers dont les autres citoyens seraient privés. Il dépend de toutes et de tous. Il y a plus de femmes et d’hommes dont les convictions de gauche sont authentiques hors des appareils que dedans.
Même si nous questionnons leur responsabilité dans la crise de la démocratie, nous ne contestons pas la légitimité des partis. Mais nous appelons à un sursaut afin que ces partis ne détruisent pas l’espérance commune. Nous en appelons à leur courage pour franchir ce cap. Faute de quoi, force sera de reconnaître qu’ils constituent le principal obstacle à un changement du rapport des forces à gauche et un certain nombre de militants, pourtant issus des appareils mais engagés personnellement pour les candidatures unitaires, l’ont bien compris.
Nous appelons de nos vœux un véritable rassemblement qui conduira à la création d’une nouvelle dynamique politique crédible, porteuse de ce projet de transformation en phase avec le peuple. Seule une dynamique politique qui ne portera pas le poids des pratiques du XXe, qui sera en phase avec les défis du XXIe siècle pourra mettre fin à la destruction, accompagnée par le social libéralisme, des acquis démocratiques et sociaux.
I.P.R.D. Tél : 06 08 30 96 24