De passage à Paris et à Montpellier
vendredi 5 juin, le collectif des 39 contre la « nuit sécuritaire » ne
cesse depuis décembre dernier de battre le pavé pour inciter à la
résistance et au refus de procédures qui transforment les lieux
psychiatriques en prison pour malades dangereux et pour réaffirmer leur
volonté de créer des lieux d’accueil de la folie respectueux et humains.
La naissance du collectif remonte à
décembre 2008. A cette période, le président de la République se
déplaçait dans une structure psychiatrique, à Antony, pour annoncer des
mesures qui dessinaient l’avenir de la psychiatrie. Un avenir peu
différent de celui du reste de la société… Fini les valeurs de soin et
d’accueil, la bienveillance vis-à-vis des patients, vive la volonté de
sécuriser la société par rapport à des patients perçus comme dangereux,
quand bien même ils seraient avant tout des victimes de cette société.
Un petit nombre de psychiatres a immédiatement réagi en lançant l’appel
des 39 contre la « nuit sécuritaire », tandis que d’autres rédigeaient
un texte intitulé « Non à la politique de la peur ».
Pour ce qui est du collectif des 39, il
dénonce la volonté de multiplier les chambres d’isolement, celle de
contraindre des patients à porter des bracelets de géolocalisation –
mesures annoncées le 2 décembre et qui faisaient la substance du
discours présidentiel – mais aussi les obligations de soin, les
diagnostics de dangerosité, les fichiers informatiques détaillés sur
les patients – fichiers qui ne servent à rien, puisque seul le travail
d’équipe peut permettre de soigner et non la transmission des données
d’un fichage. Conscients du tournant sécuritaire général qui contraint
tout un chacun à obéir ou à résister, psychiatres, professionnels du
soin, du travail social, autour de ce collectif, continuent d’affirmer
qu’ils « refusent de servir de caution à cette dérive idéologique de
notre société » et de devenir des « gardiens de fous ». L’espace
psychiatrique ne doit pas devenir un lieu d’exclusion sans retour,
faute de pouvoir continuer à faire des allers-retour et à vivre dans
une société qui les considère comme indésirables et dangereux.