http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29026
Wolfgang Thierse, vice-président :
La parole est à Mme Christine Buchholz pour le groupe La Gauche.
Christine Buchholz (LA GAUCHE) :
Monsieur le Président, mesdames, messieurs ! « Ce qui se passe au Mali aujourd’hui est l’illustration d’une nouvelle étape de la politique de mainmise sur les ressources du continent. »
(Philipp Mißfelder (CDU/CSU) : Ah ! Mme Buchholz, de grâce !)
- C’est en ces termes qu’Aminata Traoré, ancienne ministre malienne de la Culture, commente l’intervention militaire internationale en cours dans son pays.
La Bundeswehr aide l’armée de l’ancienne puissance coloniale française à occuper durablement le pays. Mme Traoré et d’autres Maliens s’y opposent.
(Applaudissements sur les bancs du groupe LA GAUCHE)
Comment la nouvelle reconduction de l’état d’urgence, que le gouvernement de Bamako vient de prolonger jusqu’en juillet, est-elle compatible avec le bilan positif que vous tirez depuis le début de l’intervention ? Il est question, sous la pression du premier ministre, de lever l’immunité parlementaire de neuf députés de l’opposition, dont six élus du Nord. Est-ce à cela que ressemble une politique de réconciliation ? Comment des élections peuvent-elles avoir lieu dans cette situation ?
En réalité, l’intervention de la Bundeswehr n’aide pas la population, elle soutient au contraire le climat de répression qui règne au Mali. Non sans raison : comme si souvent, l’objectif n’est pas de stabiliser la démocratie. Ce que vous voulez, c’est stabiliser un régime qui donne aux firmes occidentales accès au secteur privé et aux richesses du sous-sol.
La quasi-totalité du Mali est divisée en zones rectangulaires, pour lesquelles sont attribuées des concessions d’extraction des matières premières. Il y a aussi un autre enjeu : la Bundeswehr doit déjà mettre le pied dans la porte pour que les groupes allemands ne soient pas bredouilles quand l’exploitation de nouveaux gisements de matières premières commencera dans la région.
(Dr. Martin Lindner (Berlin) (FDP) : Toujours la même vision !)
Il y en a un certain nombre. Le Mali est riche en gisements d’or, de cuivre, de fer, de diamants, de grenat, de gaz naturel, de phosphate, de bauxite et de pétrole. Le Niger – l’exploitation se fait près de la frontière avec le Mali – fournit 40 % de l’uranium destiné aux centrales nucléaires françaises. Le sous-sol malien pourrait aussi renfermer de l’uranium. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Par exemple, qu’il est prévu d’ouvrir une mine d’uranium dans la commune malienne de Faléa. Cette mine risque de détruire l’agriculture, l’environnement et le patrimoine culturel et de contaminer la nappe phréatique. Les habitants de Faléa luttent contre ce projet.
Mesdames, Messieurs, je soutiens la campagne internationale pour sauver Faléa des visées des groupes miniers. Vous soutenez au Sahel une guerre qui défend les intérêts de l’industrie nucléaire française et des groupes miniers. C’est la différence entre votre politique et la nôtre.
(Applaudissements sur les bancs du groupe LA GAUCHE - Martin Lindner (Berlin) (FDP) : Est-ce aussi votre discours d’adieu ?)
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