12 septembre 2023 à 18:47 dans Actualité, Expériences pour l'avenir, Ici, national | Lien permanent | Commentaires (0)
Téléchargement Invitation Forum SANTE_20 octobre 2018
Samedi 20 Octobre 2018
14h à 18h
Palais de Justice de Tournus
Salle 15
La santé se réduit-elle à l’absence de maladie ou à la médecine ?
Quels obstacles nous empêchent d’être en bonne santé ? Quels sont nos besoins en matière de santé ?
Quels impacts sur notre vie quotidienne vont avoir les mesures gouvernementales sur la santé et la sécurité
sociale ?
Comment chacun peut-il défendre et améliorer sa propre santé et celle de ses proches ?
Nous vous proposons de réfléchir et de chercher ensemble des alternatives locales et globales.
UN FORUM, POUR QUOI FAIRE ?
Initiés depuis 2015 par des habitants du Tournugeois, rassemblant citoyens sans étiquette ou engagés dans différents collectifs ou associations (ACTE - Ateliers Citoyens pour la Transition Écologique, A.S.R - Action Solidarité Rurale, Attac, Ensemble 71, Ecologic Action), syndicats (Confédération paysanne, CGT, Solidaires) ou partis (E.E.L.V, PCF, FI), les FORUM 71 sont des lieux d’échange et de réflexion sur les grandes questions qui impactent nos vies au quotidien : Démocratie, Travail et Rémunération, Industrialisation et Service public, à quoi sert de parler du capitalisme, Santé…
17 octobre 2018 à 10:51 dans Actualité, Ici, national, L'info que vous n'avez pas , Mobilisations/ débats | Lien permanent | Commentaires (0)
21 août 2012 / Patrick Vassort
https://reporterre.net/Le-sport-permet-au-capital-de-s
Grâce à la « magie » du sport, les grandes entreprises peuvent réaliser de fructueuses opérations
On peut lire sur le site Internet du Comité international olympique : « Les Jeux Olympiques sont l’une des plateformes les plus efficaces de marketing international, atteignant des milliards de personnes dans plus de 200 pays. » Pourquoi les entreprises investissent-elles autant dans le sport et particulièrement dans les Jeux olympiques ?
L’institution sportive facilite l’appropriation des biens et des espaces par le capital. Ce qui semblait difficile à obtenir, car l’appropriation n’est pas toujours légitime, devient par le miracle du sport plus facile. Voici quelques exemples.
L’expropriation des populations pauvres de certaines zones géographiques se reproduit à chaque grand événement sportif. C’est vrai à Londres, mais aussi au Brésil lorsque, sur l’injonction de la Fédération Internationale de Football et du Comité international olympique, le gouvernement décide d’expulser 1,5 million de familles, soit 10 millions de personnes. Cela serait pour d’autres un crime, mais pas pour les organisations sportives. On éloigne ainsi des nouveaux quartiers sportifs les populations les plus démunies et on rend ces espaces exploitables pour le capital.
Le transfert de finances publiques vers des sociétés privées est exemplaire dans le cas des J.O. londoniens. Au départ, le gouvernement britannique avait prévu un budget de 2,8 milliards d’euros. Il sera sans doute au final de 28,6 milliards ! Ces sommes vont, entre autres, abreuver les entreprises du BTP qui restructurent des quartiers entiers et ses font des marges bénéficiaires extravagantes.
Lire la suite "Le sport permet au capital de s’approprier l’espace public" »
01 septembre 2018 à 15:59 dans A lire, Ici, national, L'info que vous n'avez pas , Mobilisations/ débats | Lien permanent | Commentaires (0)
ttps://www.mediapart.fr/journal/france/130117/les-aventures-offshore-de-bernard-laporte-nouveau-patron-du-rugby-francais
- Mediapart.fr
Pendant des années, l’ancien secrétaire d’État et nouveau président de la fédération française de rugby a vendu des équipements confectionnés en Inde. Actionnaire de la société Be Rug Be, il s’est lié à un investisseur étranger mystérieux pour s’ouvrir à l’international par le biais d’une holding luxembourgeoise ayant des ramifications au Panama, aux îles Vierges britanniques ou encore à Belize. Que des paradis fiscaux…
Les montages offshore ne sont pas que l’apanage du monde du football. Avec un savoir-faire qui n’a rien à envier à celui des stars du ballon rond impliquées dans les Football Leaks, l’ancien secrétaire d’État de François Fillon et tout nouveau patron du rugby français, Bernard Laporte, a été au cœur de montages commerciaux sophistiqués passant par les plus grands paradis fiscaux de la planète, selon des documents et témoignages obtenus par Mediapart.
L’ancien sélectionneur de l’équipe de France – qui a été élu à la présidence de la fédération le 3 décembre dernier – a longtemps dirigé avec deux associés la société française Be Rug Be, spécialisée dans la vente de ballons et vêtements de sport. Or, quand cette entreprise a cherché à se développer en 2003, Bernard Laporte n’a rien trouvé de mieux que de s’associer au Luxembourg avec un mystérieux investisseur, dont il dit aujourd’hui ne connaître que le nom de l’avocat… Les fonds de ce Monsieur X provenaient, quant à eux, du Panama, des îles Vierges britanniques et du micro-État de Belize.
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01 septembre 2018 à 15:46 dans A lire, Ici, national, L'info que vous n'avez pas , Mobilisations/ débats | Lien permanent | Commentaires (0)
- Mediapart.fr
La saturation de l’espace public par le spectacle sportif atteint aujourd’hui des proportions démesurées. Contenu idéologique dominant, souvent exclusif même, des grands médias, des commentaires politiques, des ragots journalistiques, des conversations quotidiennes (y compris chez les intellectuels dits de gauche), le spectacle sportif apparaît comme une propagande ininterrompue pour la brutalité, l’abrutissement, la vulgarité, la régression intellectuelle et pour finir l’infantilisation des « foules solitaires » pour paraphraser l’ouvrage classique de David Riesman [1].
Que l’équipe de France de rugby soit reléguée à une piteuse dernière place dans le Tournoi des six nations 2013 ou que l’équipe de France de football soit battue par l’Allemagne en « match amical », en présence d’Angela Merkel et de François Hollande, à chaque fois se déchaîne la machine à décerveler les consciences. Qu’en retour l’équipe d’Espagne s’impose face à la France et ce sont les multimillionnaires madrilènes et barcelonais du crampon qui sont félicités pour leur contribution au renforcement du « moral de la nation » par les dirigeants espagnols, ceux-là même qui ont amené leur pays au bord de la banqueroute ! On pourrait multiplier à l’envi les exemples du rôle que jouent les grandes compétitions sportives dans la manipulation des esprits, et ceci dans tous les pays du monde où elles ont colonisé la vie publique et privée des individus intoxiqués par l’opium sportif [2]. Selon les résultats d’un match de foot ou d’une compétition (le Vendée globe, Roland Garros, les Jeux olympiques), on assiste soit à une exaltation mégalomaniaque en cas de victoire, surtout si elle est « historique » ou « inespérée », soit à une dépression mélancolique en cas de défaite, en particulier quand il s’agit d’une « raclée humiliante » ou d’une « déculottée ». Comme l’a souligné Umberto Eco, l’un des rares intellectuels à n’avoir pas succombé aux charmes vénéneux du bavardage sportif, ce cortège de commentaires sur les commentaires – qui mobilisent totalement les piliers de bars sportifs, les rédactions des médias et in fine tous les zélateurs de la « culture sportive » – « devient l’ersatz du discours politique et à tel point qu’il devient lui-même le discours politique », un discours « qui se présente sous les fausses apparences du discours sur la cité et sur ses finalités », un discours en somme de diversion et de mystification. Il n’est dès lors pas étonnant que le sport devienne « instrumentum regni, ce que d’ailleurs il n’a pas cessé d’être au cours des siècles. C’est évident : les circenses canalisent les énergies incontrôlables de la foule » [3].
Lire la suite "Un article de Jean-Marie Brohm: Le spectacle sportif, une aliénation de masse" »
01 septembre 2018 à 15:41 dans A lire, Ici, national, L'info que vous n'avez pas , Mobilisations/ débats | Lien permanent | Commentaires (0)
15 mars 2017 à 11:12 dans A lire, Actualité, Ici, national | Lien permanent | Commentaires (0)
Nos sociétés sont violentes, mais pour avoir une mesure un peu plus fidèle de cette violence il faudrait additionner le nombre de crimes et agressions, le nombre de suicides, le nombre de morts et blessés graves de circulation routière, aérienne et maritime, le nombre d’accidentés du travail, le nombre de viols et agressions sexuelles, le nombre de violences conjugales… Pire nos sociétés connaissent sans doute une augmentation de la violence. A plus court terme les assassinats commis à Toulouse, à Montauban, à Paris à Charlie Hebdo, à l’Hyper casher, au Bataclan et dans les rues avoisinantes, a Nice sur la promenade des Anglais, mais aussi les meurtres des policiers, et encore la permanence d’un chômage de masse qui entraine une surmortalité des chômeurs (accidents routiers, suicides, agressions…), l’importance des noyades en Méditerranée que les traités européens et surtout la morale obligent la France à prendre en compte et enfin, bien qu’on n’en parle peu, l’existence des victimes des bombardements de l’aviation française au Moyen Orient dont la France est directement responsable, ont amplifié cette violence. Cette mesure répétée année après année montrerait qu’une fois un taux atteint il ne diminue pas tant que dure l’état de la société qui l’a engendré.
Le seuil de tolérance à une violence considérée, à un moment donné, comme normale ou inévitable a sans doute d’autant plus augmenté que la violence est vite devenue l’objet d’une guerre des médias. Apprécier ou déprécier un mouvement social et les agents qui sont fait par lui et qui le font vivre est essentiel à qui veut légitimer ou délégitimer la violence. L’utilisation du terme « casseur » constitue un exemple parfait de cette pratique : le terme était déjà utilisé en 1979, lors des manifestations contre la fermeture des installations sidérurgiques, pour stigmatiser les pratiques non conventionnelles, non routinières, que des ouvriers utilisaient pour se faire entendre dans une situation où l’Etat refusait la négociation. Il est vrai que l’Etat, les classes dominantes, les détenteurs du pouvoir économique sur les médias expriment souvent leur connivence dans la dépréciation symbolique de ceux qui remettent en cause leurs décisions.
L’origine de la violence est structurelle. La violence des institutions, des décisions politiques, des stratégies économiques en engendrant des inégalités précède et entraine la violence des comportements. On peut affirmer sans risque d’erreurs que cette violence structurelle dépend de l’écart entre les revenus , de l’absence ou du délitement du droit du travail ici et du droit de la personne ailleurs, de l’absence de travail qui défait les liens d’interdépendance fonctionnelle et enfin de l’assignation des individus dans des positions sociales stigmatisées.
06 décembre 2016 à 10:50 dans Actualité, Ici, national | Lien permanent | Commentaires (0)
Chronique. Tombant dans le piège tendu par Al-Qaida et l’EI, l’Occident s’est mis à ressembler à Israël : une forteresse assiégée, cherchant des réponses sécuritaires à ses problèmes politiques.
LE MONDE | 01.12.2016 à 06h47 • Mis à jour le 01.12.2016 à 11h51 | Par Christophe Ayad
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image: http://s2.lemde.fr/image/2016/12/01/534x0/5041186_6_389d_un-soldat-israelien-le-24-aout-dans-le_546860459508b2fdd87672b3a3dd04ef.jpg
Un soldat israélien, le 24 août, dans le village de Madama près de Naplouse. ABED OMAR QUSINI / REUTERS
C’est une information passée inaperçue dans le tumulte politique qui gagne l’Europe après avoir submergé les Etats-Unis. Une nouvelle recouverte par le fracas de la guerre qui traverse le Proche-Orient, d’Alep à Mossoul. Et pourtant, cette histoire aurait pu faire la « une » car elle augure de l’avenir de l’Occident, pour le meilleur comme pour le pire.
Comme le révélait Le Monde dans l’édition du 28 novembre, les services de sécurité israéliens ont déjoué, en avril 2016, le projet d’attaque au couteau d’une jeune fille palestinienne de Jénine, avant qu’elle ne tente de passer à l’acte. Une attaque fomentée dans le secret de sa chambre d’adolescente, sans prendre d’ordre ni avertir personne, un projet parfait de « loup solitaire ».
Comment ? En croisant des renseignements humains avec les données de ses connexions Internet, analysées par de puissants algorithmes qui surveillent en permanence la quasi-totalité de la population palestinienne (2 millions sur un total de 2,9 millions de personnes) de Cisjordanie.
C’est une nouvelle considérable et dérisoire à la fois. La cyber-surveillance poussée à son point de sophistication le plus élevé et le refus de se poser la seule question qui vaille : pourquoi une jeune fille pas encore majeure en vient à projeter de poignarder des soldats ou des civils au lieu d’aller en classe ?
Israël a subi la violence terroriste bien avant qu’elle ne frappe les pays occidentaux et c’est pour cela qu’il faut observer de près ce qui s’est passé dans ce pays ces deux dernières décennies – depuis la vague d’attentats-suicides du Hamas au milieu des années 1990, qui a fait dérailler le processus de paix d’Oslo, déjà moribond après l’assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin par un extrémiste juif.
Depuis, Israël n’a eu de cesse de sophistiquer son arsenal technologique et ses moyens militaires dans sa lutte sans fin « contre la terreur », avec un succès réel mais en adoptant une approche essentialiste des Palestiniens, qui chercheraient par nature à tuer les juifs, et au détriment de toute possibilité de règlement politique.
Cette logique a entraîné un cercle vicieux, où chaque nouvelle mesure antiterroriste (le mur de séparation, les checkpoints, les permis de travail, etc.) a suscité la naissance de nouvelles formes de violence. Jusqu’aux plus rudimentaires comme les attaques au couteau.
Dopée par une opinion toujours plus sensible aux questions sécuritaires, la classe politique israélienne a fini par assimiler toute forme de violence à du terrorisme, prônant son éradication totale, dans une quête sans fin du « zéro faille ». Et c’est comme cela que les services de renseignement se retrouvent à surveiller les ordinateurs des adolescentes palestiniennes sans que jamais les politiques réfléchissent à une solution durable.
Tombant dans le piège tendu par Al-Qaida et l’organisation Etat islamique, comme naguère Israël est tombé dans celui du Hamas, l’Occident tout entier s’est mis à ressembler de plus en plus à l’Etat juif : une forteresse assiégée, cherchant des réponses sécuritaires à ses problèmes politiques.
Mais il n’y a pas que dans le domaine de la sécurité qu’Israël a été précurseur : ce fut aussi le cas sur la question des migrants. Dès 2011, le pays a commencé à élever un mur électronique à sa frontière avec l’Egypte pour empêcher les « infiltrations » de candidats africains à l’asile. De fait, Israël est devenu « l’avant-poste » d’un monde occidental qui se voit comme cerné, faible et en décadence face à un monde devenu hostile.
Le débat sur le « grand remplacement », en vogue dans les milieux de droite et d’extrême droite en Europe mais aussi aux Etats-Unis (où les Latinos tiennent le rôle des communautés arabo-musulmanes de ce côté-ci de l’Atlantique), fait écho à celui sur le caractère juif et/ou démocratique d’Israël : pour protéger la nature juive d’Israël, il faudrait renoncer à certains de ses aspects démocratiques, sous peine d’être englouti sous la masse des Palestiniens, qu’ils soient citoyens ou maintenus sous le joug de l’occupation.
Autrement traduit : pour préserver notre modèle, il faudrait renoncer à certains des aspects de l’Etat de droit, un débat qui a des échos en France depuis l’instauration de l’état d’urgence. L’éloge de la force plutôt que la force du droit. D’où les innombrables attaques contre la Cour suprême et les ONG accusées de « trahison » des intérêts nationaux.
C’est aussi au nom de cette prétendue menace démographique et culturelle, que le discours de la majorité « blanche » s’est tribalisé. La question identitaire a fini par se substituer à toutes les autres, pourtant bien réelles, à commencer par celle des inégalités sociales.
Se souvient-on du « printemps israélien », qui vit des centaines de milliers de manifestants se mobiliser pendant tout l’été 2011 contre la cherté des logements, et plus généralement contre l’érosion méthodique de l’Etat-providence depuis le milieu des années 1990 ? Pourtant, les élections de 2015 ont débouché sur le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël.
Ici comme là-bas, les pauvres votent non pas pour ceux qui défendent leurs intérêts mais pour ceux qui leur jettent en pâture des boucs émissaires. Outre les Palestiniens, les anciennes élites – essentiellement ashkénazes –, qui ont fondé le pays et ses valeurs, sont devenues l’objet d’un fort ressentiment des « dominés » de la société israélienne : les séfarades, les immigrants russes, etc.
Si la droitisation extrême de la vie politique et de l’opinion israélienne a pu donner l’illusion, ces dernières années, d’un isolement croissant de l’Etat juif par rapport au reste du monde occidental, fatigué de l’impossible règlement du conflit israélo-palestinien, c’est, en réalité, le contraire qui s’est passé : c’est l’Occident qui a rejoint Israël, devenu le symptôme avant-coureur de ce qui l’attend.
C’est pour cela, que malgré son caractère de « basse intensité » et son passage au second plan face au chaos régional, il est essentiel de régler le conflit israélo-palestinien d’une manière réaliste et rationnelle.
Christophe Ayad
Rédacteur en chef International
04 décembre 2016 à 11:30 dans Ailleurs, Proche Orient, Europe, Ici, national | Lien permanent | Commentaires (0)
Affrontements des années 1930, manifestations d’agriculteurs, défilés contre la loi El Khomri… L’historienne Danielle Tartakowsky revient sur les confrontations entre militants et forces de l’ordre.
LE MONDE IDEES | 07.07.2016 à 11h44 • Mis à jour le 08.07.2016 à 13h34 | Propos recueillis par Sylvia Zappi
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image: http://s2.lemde.fr/image/2016/07/07/534x0/4965476_6_7f2a_manifestation-contre-le-contrat-premiere_4ca82bb6dcefc24fd3e2cae1c94a58f1.jpg
Manifestation contre le contrat première embauche (CPE), place de la République, à Paris, le 28 mars 2006. Vincent Capman/Riva Press
Danielle Tartakowsky est professeure d’histoire à l’université Paris-VIII. Cette spécialiste des mouvements sociaux a rédigé plusieurs ouvrages sur les manifestations de rue et les théories de la violence. Elle revient sur les récents défilés contre la loi El Khomri et les affrontements qui s’y sont déroulés. Selon elle, il convient d’inscrire ce moment dans l’histoire d’un mouvement social français marqué par la violence d’Etat.
Beaucoup affirment, au sujet des manifestations contre la loi El Khomri, qu’il n’y a jamais eu autant de violences dans un mouvement social en France. Qu’en pensez-vous ?
Ce débat nous oblige d’abord à nous demander ce que l’on entend par violences. Nous sommes dans un pays où la Commune, en 1870, a fait plusieurs milliers de morts et où la violence d’Etat a marqué les mémoires.
Par ailleurs, on ne peut pas comprendre les affrontements qui ont eu lieu lors des manifestations de cette année si on n’analyse pas ce qui est apparu pour beaucoup comme des agressions politiques insupportables : le texte de la loi El Khomri, l’utilisation du 49.3 et, enfin, l’interdiction de manifester. Ce contexte a indéniablement contribué à l’exaspération et à la radicalisation du mouvement.
Si l’on ajoute, ce qu’ont bien montré les chercheurs Olivier Fillieule et Fabien Jobard, une stratégie du maintien de l’ordre qui a construit la police comme un adversaire extrêmement visible, on a un ensemble qui conduit à des tensions quasi inévitables. Dans les cortèges, une petite minorité attaque les forces de l’ordre, mais ce qui est nouveau, semble-t-il, c’est que les manifestants les applaudissent. Cette convergence rappelle celle que chantait Brassens dans Hécatombe : « Dès qu’il s’agit d’rosser les cognes, tout le monde se réconcilie. »
La violence politique est-elle une tradition dans le mouvement social français ?
Pour avoir une réflexion posée, il est nécessaire de remonter dans l’histoire. Dès ses débuts, le syndicalisme français est influencé par le courant anarchiste qui, rompant avec la stratégie minoritaire des attentats de 1892, se construit comme force par l’action collective. C’est la naissance de ce qu’on a appelé l’anarcho-syndicalisme, qui tente de construire l’identité du prolétaire dans un pays où le consensus républicain est très fort. La France est en effet un des rares pays où le suffrage universel – et donc l’émergence du citoyen – a préexisté à la construction du mouvement syndical.
« Dans le mouvement ouvrier, la violence n’advient que quand elle relève de l’énergie du désespoir. »
Si on excepte ce moment anarchiste, il y a, dans l’histoire, très peu d’organisations politiques ou syndicales qui se soient réclamées de la violence comme stratégie opérationnelle. Le mouvement ouvrier se construit dans la dénonciation de la répression des forces de l’Etat plutôt que dans l’exaltation des moments de violence ouvrière, avec un mythe fondateur, les martyrs de la Commune, qui va imprégner durablement l’imaginaire collectif des classes populaires. Ceux qui se réclament stratégiquement de la violence sont alors à l’extrême droite : c’est l’Action française avant 1914, puis lors des manifestations de 1934.
Et après la guerre ?
Il y a quelques événements marquants, comme la manifestation organisée par le Parti communiste en 1952 contre la venue en France du général américain Ridgway, en pleine guerre de Corée : les manifestants affrontent alors violemment les forces de l’ordre. On peut aussi citer, en 1973, la contre-manifestation de certains éléments de l’extrême gauche post-68, notamment la Ligue communiste révolutionnaire, contre un meeting d’Ordre nouveau.
Mais, dans la seconde moitié des années 1970, la violence politique reste marginale, contrairement à ce qui se passe en Italie. En France, le programme commun apparaît comme une alternative politique pour une très large majorité à gauche. En Italie, l’absence de perspectives politiques est au contraire un terreau qui va donner naissance aux terrorismes d’extrême droite et d’extrême gauche.
Il y a quand même les manifestations d’agriculteurs qui sont le théâtre d’affrontements durs avec les forces de l’ordre.
Oui, et il faut leur faire une place à part. A partir de 1961 et de la crise agricole en Bretagne, il y a, dans ces manifestations, une violence négociée et mise en scène. Les agriculteurs décident sciemment d’aller à la préfecture ou de « monter » à Paris, et les actions sont négociées avec les forces de l’ordre : les organisateurs affirment qu’il faut les laisser brûler des pneus devant la préfecture pour éviter un incident grave – et la préfecture est susceptible de laisser faire.
Il y a indéniablement une tolérance des pouvoirs publics et de l’opinion face à ce qui relève d’une dramaturgie. A partir des années 1980, les organisations agricoles opèrent une mutation et passent à une stratégie de cortèges plus pacifiques, même s’il y a eu des résurgences de violences épisodiques, comme lors de l’incendie du Parlement de Bretagne, en 1994.
A la fin des années 1970, des tensions très fortes sont observées dans des régions industrielles en déclin, comme l’est de la France. Comment les analyser ?
Dans le mouvement ouvrier, la violence n’advient que quand elle relève de l’énergie du désespoir. Les métiers qui disparaissent sont générateurs de désespérance parce qu’on touche à l’existentiel. La crise de la sidérurgie, à la fin des années 1970, provoque ainsi des manifestations ouvrières dures avec de nombreux affrontements, même si on ne peut pas exclure qu’il y ait eu, au sein de l’appareil d’Etat, des forces ayant intérêt à des débordements. Idem dans les chantiers navals de Nantes et de Saint-Nazaire : sur un siècle, il y a là des épisodes particulièrement violents et parfois meurtriers. Cela tient aussi aux cultures professionnelles des sites ouvriers, où le rapport au travail peut générer un rapport à la violence plus fréquent.
« Les manifestants sont beaucoup plus soucieux de leur reflet dans les médias qu’auparavant : la violence est devenue une des modalités qui permet de passer à la télévision, comme lors des émeutes de 2005 en banlieue. »
Est-ce que l’occupation de la rue est une stratégie politique plus développée en France qu’ailleurs ?
En France, la manifestation s’est affirmée durant le XXe siècle comme une modalité de gestion des crises politiques dans le cadre du régime existant. Par deux fois, des crises majeures se sont ouvertes et refermées dans la rue : la semaine du 6 au 12 février 1934, qui amorce le processus du Front populaire, et la nuit des barricades, le 10 mai 1968, qui va déboucher sur de nouvelles libertés.
Ce phénomène s’est perpétué de 1984 à 2006, lorsque les manifestations ont fonctionné comme des référendums d’initiative populaire, faisant reculer les gouvernements sur des projets de loi contestés – je pense au mouvement sur les retraites en 1995 et 2003, à celui contre le contrat première embauche (CPE) en 2006. Ce n’est plus vrai depuis : le conflit des retraites de 2010, les défilés de la Manif pour tous de 2013 ou le mouvement contre la loi El Khomri ont rassemblé des centaines de milliers de manifestants sans aboutir à l’annulation des textes contestés. Ces échecs peuvent expliquer les tensions : les militants et l’opinion ne comprennent pas pourquoi le processus qui a fonctionné durant quinze ans ne fait plus reculer les gouvernements.
Les cibles des affrontements de rue ont-elles toujours été les mêmes ?
Avant la guerre de 1914, les journaux peuvent être des cibles des contre-manifestants dès lors qu’ils sont des acteurs politiques qui appellent à descendre dans la rue. Les années 1920, elles, sont marquées par l’affrontement entre manifestants et contre-manifestants – cléricaux/anticléricaux, puis fascistes/antifascistes.
Depuis 1945, l’Etat et le patronat sont devenus les nouvelles cibles politiques. Le premier parce que ses compétences économiques et sociales se sont étendues, le second parce qu’il précipite la disparition de secteurs industriels et d’entreprises. Plus récemment, avec la renaissance du mouvement anarchiste et des autonomes, les banques, les commissariats et les entreprises impliquées dans la construction de prisons sont devenus autant d’ennemis à combattre.
Quels sont les objectifs des violences qui ont eu lieu pendant les manifestations contre la loi El Khomri ?
Ils m’apparaissent flous. Je m’interroge sur le sens politique d’une attaque contre une pharmacie ou un opticien. Ce qui me frappe, c’est que les manifestants sont beaucoup plus soucieux de leur reflet dans les médias qu’auparavant : la violence est devenue une des modalités qui permet de passer à la télévision, comme lors des émeutes de 2005 en banlieue.
En ce qui concerne les manifestations actuelles, la mouvance la plus politisée semble dans une logique de déstabilisation, qui évoque, toutes proportions gardées, celle des attentats anarchistes de 1890. L’objectif est de susciter le désordre, ce qui contraint l’Etat à dévoiler sa nature de classe : il affiche alors sa violence répressive au service du capital. Dans cette démonstration, n’importe quelle cible peut faire l’affaire. Quand on frappe l’hôpital Necker, on oblige le gouvernement à hausser le ton. Mais plus Manuel Valls hausse le ton, plus les émeutiers pensent qu’ils ont gagné.
04 décembre 2016 à 11:23 dans Histoire, Ici, national | Lien permanent | Commentaires (0)