Le texte qui
suit est une contribution personnelle aux débats internes à la
« Fédération » en cours de constitution, initiée par
l’Association des Communistes Unitaires (ACU), les Alternatifs, la
Coordination Nationale des Collectifs Unitaires (CNCU), le MAI,
Écologie Solidaire, Alterékolo, Alternative
Démocratie Socialisme (ADS), et divers-e-s militant-e-s du mouvement
social et élu-e-s. Il s’adresse en priorité aux militant-e-s qui
travaillent à la réussite de cette initiative, qui ont participé à
certains débats relatifs à sa constitution et à ses objectifs, ou
ont connaissance des principaux textes produits dans ce cadre, que ce
soit au sein des différentes composantes ou collectivement pour la
Fédération elle-même.
Si cette initiative
donne à voir la possibilité d’un outil de type nouveau entre les
mains de celles et ceux qui entendent travailler ensemble à la
construction d’une alternative crédible au système dominant, il
me semble néanmoins nécessaire que certains points soient précisés,
si l’on veut éviter de construire sur le sable des malentendus.
Elle intervient dans
un contexte de bouillonnement qui a vu fleurir diverses initiatives
qui recomposent le paysage de la gauche radicale, caractérisé à la
fois par un certain émiettement, et par un large souci d’unité.
On peut citer à cet égard la dynamique suscitée par l’appel de
Politis, la rupture du Parti Socialiste de Jean-Luc Mélenchon et
Marc Dolez, et la fondation dans la foulée du Parti de Gauche (PG),
regroupant divers courants de la « gauche républicaine »,
mais aussi des militant-e-s issu-e-s d’autres horizons, la création
d’un Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) à l’initiative de la
LCR, porté par la popularité d’Olivier Besancenot, qui constitue
certainement un élément particulièrement important de ce contexte.
Enfin, la crise du PCF
se poursuit, les courants favorables à une construction nouvelle
dépassant désormais de loin les seuls rangs des communistes
unitaires, et ses contradictions internes s’aiguisent comme jamais.
Robert Hue a annoncé sa rupture, en créant, tout en restant membre
du parti, un Nouvel Espace Progressiste ; mais le plus important
à cet égard est à mon sens la contribution des communistes
unitaires, dont certains ont choisi de quitter le parti et d’autres
de continuer à y mener leur combat interne, à la Fédération et à
la force nouvelle sur laquelle elle doit déboucher.
Ces recompositions de
la gauche radicale interviennent alors que le capitalisme mondialisé
est secoué d’une crise profonde, qui met en lumière aux yeux d’un
nombre de plus en plus grand de gens les impasses de ce système
économique et social, et alimente l’exigence de son dépassement,
et alors que, même en ordre dispersé, les manifestations de
résistance à la politique de Sarkozy se multiplient – et peuvent
le faire reculer, comme l’a montré le récent mouvement lycéen.
Ces développements me
semblent devoir conduire à reprendre à frais nouveaux certaines
analyses et réflexions déjà proposées dans une précédente
contribution publiée le 5 mai dernier dans le cadre de la CNCU (voir
sur le site de la CNCU, « Qu’est-ce que la dynamique des
collectifs ? », sous ce
lien).
La présente
contribution, pour être personnelle n’en est pas moins le fruit de
réflexions collectives nombreuses, en particulier au sein de mon
collectif. Elle présente entre autres défauts celui d’être assez
longue ; nous aurons sans doute fait un grand pas en avant quand
il sera possible d’exprimer la même chose en peu de mots, mais
compte tenu de l’ensemble des difficultés rencontrées dans le
débat autour de ces questions, il ne m’a pas été possible de
faire plus bref, alors même que certaines questions ne sont ici
qu’esquissées et qu’il s’agit plus pour moi de proposer des
pistes de réflexion que de mener ces réflexions à terme. On y
trouvera en outre certaines redondances : c’est qu’il m’a
semblé à l’occasion nécessaire d’enfoncer un clou encore mal
assuré.
J’espère néanmoins
qu’elle sera suffisamment lue pour susciter le débat sur les
différents points où elle soulève des problèmes et des questions
qu’on ne saurait sans risque, à mon sens, laisser en suspens.